En septembre, Julie
nous a quitté pour se consacrer à son nouveau business : la maroquinerie.
Oui, elle voulait faire des sacs à l’effigie d’auteurs américains torturés mais
néanmoins géniaux. En fait, j’apprends à l’instant que ce sont des sacs en toile
bio.
Si j’étais un peu
triste de la fin de notre collaboration, je me suis vite remise. C’est dans ma
nature. Pas parce que j’avais trouvé
une liste longue comme mes deux bras et mes deux jambes de gens
intéressés pour travailler avec moi, mais parce que comme une maman poule
veillerait sur ses petits poussins, j’étais heureuse qu’elle vole de ses
propres ailes. Elle partait vers de nouveaux horizons. Elle s’ennuierait c’est
sûr, elle serait seule c’est sûr, plus personne pour lui faire des blagues,
plus d’émulation, de buzz, de compliments gratuits « ah oui, bien, ton
dessin de Rosie, le meilleur que tu aies fait, vraiment qu’est ce que tu
dessines bien, je le disais encore l’autre jour à Chantal (la copine de ma
mère). T’es très douée, ton crayon s’affine et ton style avec..etc….etc ».
Non, fini tout ça, Julie.
Elle entendra les
mouches voler à la place ou son mec faire « Rholalala ! ».
Mais elle se
réalisait enfin. Et ça, ça n’avait pas de prix.
Entre nous, je me
suis aussi rendue compte que de ne plus être sous son influence me permettait
enfin de parler de sujets qui me tenaient à cœur comme, pour n’en citer qu’un,
les chevaux. Elle n’était pas trop branchée animaux encore moins équidés. Un
monde nouveau s’offrait à moi et pleins de possibilités, plus une multitude de
rencontres.
On ouvrait un
nouveau chapitre dans notre vie que je commençais par une mini dépression. Non,
je rigole Julie. C’était pas à ce point là. Je ne savais pas quoi faire en septembre,
quand et si je reprenais mon blog que j’avais laissé tomber après la naissance
de George. Trois enfants et mes kilos en trop m’empêchaient de faire les choses
légèrement. C’était plus lourd qu’un boulet, c’était deux boulets. Un à chaque
jambe.
Je faisais partie
de la catégorie famille nombreuse maintenant
et je le ressentais. Tout prenait des proportions compliquées. Tout était
effort. Il nous fallait un mini bus pour nous déplacer. Comme à la cantine, je
faisais deux services pour les repas et puis on ferme. Pour le coucher aussi. Restait
pas grand chose pour les adultes le soir, juste un bout de canapé pour
s’affaler et s’endormir devant Homeland.
Quelle vie. J’ai raté toutes les fins de cette série, je ne sais donc pas qui
est Carrie ni si Brody est bel et bien un terroriste. Je me demande pourquoi je
l’ai regardée tout court. Du coup, il ne restait plus vraiment d’heures de
libre pour faire du nordinateur comme
dirait Rosie. Il fallait d’abord que je me remette de mes émotions, que je
profite de mon bébé et retrouve mon cerveau d’avant George. Une femme enceinte
ou qui vient d’accoucher c’est un peu comme
Annie Cordy sans ce qu’il y a sous son grand chapeau.
Il y a concrètement
des réajustements neurologiques à faire, et moi en particulier, c’était
inquiétant. Je me suis toujours cru vive et alerte, plus rapide que les autres
à comprendre les choses. Je ne vous en ai jamais parlé car je n’aime pas me
vanter mais j’ai un QI de 131. Voilà, c’est dit. On est cinq à le savoir. Et à
s’en rappeler. Mais depuis un an maintenant, il a dû baisser un peu ce quotient
car il n’y avait plus personne aux commandes de mon bateau, que du vent dans
les voiles. Beaucoup de vent. Je n’ai jamais été aussi maladroite qu’en étant
enceinte. J’ai eu trois mini accidents de voitures : rétroviseur explosé -
volé en éclats que ça pourrait compter pour deux accidents - peinture
égratignée sur ma voiture et sur une autre garée dans un parking, écureuil déjà
mort aplati, etc… Mais ça reste mineur hein, il n’y a eu personne de renversé,
pas de tonneaux non plus, ça va, ne me regardez pas comme ça ! En vingt
ans de carrière, je n’ai jamais eu d‘accident, pas la peine de toucher du bois,
c’est un don. Tout ça pour dire que ça semblait impensable de reprendre mon blog dans mon état. Non, c’est
vraiment au bout de six mois que j’ai eu envie de relancer le "bousin" (mot suggéré par un ami proche). Julie
était déjà à fond sur son nouveau projet, son enthousiasme me donnait envie.
Ceci dit, je
m’inquiétais pour elle. Des sacs ? Qu’est-ce qu’elle entendait par des
sacs.
Pendant ce
temps-là, j’étais seule à mon bureau, cherchant l’inspiration, la trouvant et
puis je me disais, ah ! Si Julie était là, je prendrais mon téléphone, lui
demanderais de me rappeler, parce qu’elle payait pas, et lui lirais le
paragraphe dont j’étais fière. Et elle me répondrait « mais Marie, quel génie,
tu es si créative, et pleine d’esprit, vraiment, on devrait faire un livre de
tes histoires ! ».
En fait, c’est moi
qui entends les mouches voler et mon mari qui dit « God dammit, fuck this place ! »
On s’entraidait
vachement vous savez, c’était le soutien, la solidarité, que dis-je, l’AMITIÉ.
J’hésitais jamais à lui dire que son art était beau comme du Picasso. Mais,
elle m’avait demandé de dire plutôt du Edward Bunker à qui on aurait donné un
BIC. Elle anticipait déjà la collection des « Writers ».
C’était pas évident
notre association, parce que la Julie, vous voyez, elle aime bien briller. Pour
vous donnez un exemple, dans les soirées, elle est plutôt du genre à pousser
tout le monde hors de la piste de danse pour nous faire des freeze à
répétition (nom masculin – (mot
anglo-américain) : positions statiques de break-dance sur une ou plusieurs
parties du corps. Le freeze peut aller de la position élémentaire du baby
freeze à celles les plus évoluées, alliant souplesse et inventivité comme les
planches hollowback.)
Tout ça parce qu’un certain Romain a eu l’audace en
juin 2003 de faire le poirier pendant 6 minutes 32 et que elle, shame on her, n’a pas pu le faire. Le lendemain, elle était inscrite à des
cours de break dance avec les gamins de la cité. Julie faut pas la chercher. On
peut dire qu’elle aime bien la lumière et que lorsque je lui ai proposé
d’illustrer mon blog, je savais qu’elle serait au deuxième plan, qu’on allait
parler de moi, de moi et encore de moi ; qu’elle serait obligée de me dessiner
sous toutes les coutures, avec mes enfants, mon mec etc… et qu’elle pouvait
très bien en avoir ras la pastèque d’être le second couteau. Elle pouvait un
jour me glisser, ni vu ni connu, l’illustration de son fils Gaspar en train de
faire de la capoeira, parce que vraiment je n’en parlais pas beaucoup et que
c’est vrai qu’il est très beau son gamin. Son humilité m’a surprise et n’avait
d’égale que son sérieux et son dévouement. J’ai dû la tirer du lit la première
semaine mais elle était là avant moi tous les lundis du reste de l’année, à
fond comme si c’était son avenir qui en dépendait, comme si c’était son blog.
C’était son blog d’ailleurs.
Ne pleurez pas
Jeannette, c’était juste pour dire tout le mal que je pensais d’elle. Je suis
très heureuse de voir que non seulement aujourd’hui elle fait une carrière solo
mais qu’en plus, le succès est au rendez-vous.
Cette nouvelle
situation, m’a fait découvrir des talents merveilleux parmi mes amis. Et les
amis de mes amis. Mais j’avais toujours besoin d’un retour de Julie qui
connaissait si bien Marie me et moi. Marie et moi. On est deux. Moi et je. Qui
allait me dire « ah ! Tu sais que j’aime pas les pléonasmes,
hein ! » Alors, j’ai pris mon téléphone et j’ai dit « Julie pas
la peine de me rappeler, je paierai cette fois, peux-tu laisser ta machine à
coudre et tes lunettes pour voir de près et me relire. J’ai besoin de ton avis,
de ta grammaire et puis dis moi si c’est drôle ou pas. J’aime pas quand c’est
pas drôle ». C’est vrai que l’esprit initial du blog a un peu disparu au
grand dam de certains. Mais je suis toujours là, moi.
En fait, j’ai
compris que Julie dessinait sur des sacs en toile et qu’elle ne les faisait pas
elle-même. Pfff, la pauvre, je l’imaginais dans son petit atelier, toute
courbée, avec des lunettes, en cousant à la main, elle n’aurait pas assez
d’argent pour une machine à coudre, ou finir son quatrième sac pour décembre.
Elle avait du temps alors pour me relire. Si aujourd’hui je parle d’elle, c’est
avec beaucoup de fierté. Elle
vient de lancer une ligne de sac so classe
et so réussie. Je vous joins ce lien,
vous pourrez y trouver ses œuvres si ça vous dit d’être hype en 2013.
Bon chance
Julie ! Bon année.
Julie Marthe Yvonne
sur Facebook
Et puis un gros poutou au grand, au génial, au merveilleux ami de qualité, Cédric Hazard pour ses illustrations so funny.
Un grand cru cette semaine !Et je m'y connais ! C.
RépondreSupprimerLe sujet est extrèmement intéressant ! Et je m'y connais ! Les illustrations sont divines ! Et je m'y connais aussi !
RépondreSupprimerMerci
J-Ly
Et bien oui, on a mis le paquet avec Cedric pour en mettre plein la vue. Je soupçonne C d'être l'ami de J. Me trompe-je?
RépondreSupprimerNonj !
RépondreSupprimercoucou M, ici C :-)
RépondreSupprimerouf, je suis rassurée, tout est bien, Marie Me est de retour pour nous faire sourire et rire toute l'année!
Je confirme le portrait de Julie, surtout en ce qui concerne ses démonstrations de "freeze", dont j'ai été un témoin privilégié à plusieurs reprises :
nous étions les voisins du dessous pendant 2 ans et donc conviés régulièrement à festoyer chez eux plutôt que de subir les assauts du parquet.
donc, j'ai vu.... et j'ai adoré voir ça, développant quelques jalousies à n'oser point me lâcher comme Julie.
Et je l'ai vu en binôme également et c'était hyper marrant, d'autant que la binôme excellait à montrer son magnifique derrière!
de bons souvenirs tout ça.
très bonne année Marie et à mardi
Bah le binôme c'est Cedric, cherche pas Celine. Allez j'y retourne si je dois te faire sourire toute l'année, j'ai du taf!
RépondreSupprimernon, non, ce n'était pas Cédric, c'était une femme, belle et plantureuse plante, bordelaise de surcroit. Cédric, je ne l'ai jamais vu montrer ses fesses, dommage... (soupir)
RépondreSupprimeroh tu sais Céline, installe moi une douche sur le dance floor la prochaine fois, et tu verras que je ne me fais pas prier ! C.
RépondreSupprimerchiche!
Supprimersi ça donne des idées à quelques-uns et que je ne suis pas là pour le voir, je VEUX des photos!
sinon, Cédric, ça va bien? toujours rue P?
à un de ces jours sur le dance floor, avec ou sans douche!
j ai presque versé ma petite larmichette !(je suis sensible en ce moment ) Et bravo pour les montages mon cécé !!
RépondreSupprimeranthony
c'est gentil. C
SupprimerBah Anto alors?
SupprimerJ'aimerais bien que tous les C se dévoilent, je ne sais plus qui est qui c'est confusionnant.
RépondreSupprimerbah ils sont tous de moi les C. faute avouée à moitié pardonnée !
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