mardi 25 décembre 2012

Hey! Joyeux Noel!


Qu’est ce qu’on attend pour être heureux ?

Alors, alors, il est où ce maudit bonheur ? C’est quoi le bonheur ? Tout d’abord c’est très subjectif, hein ? Il va être différent pour vous et pour moi, on est d’accord. Moi, le pot-au-feu de Tatie Biloute, ça ne me rappelle pas mes vacances d’été dans la Creuse. Je ne connais pas cousine Sophie qui lançait les hamsters de la voisine, sur le matelas de la grange. Ah ! Qu’est-ce que c’était bien ! Non. Ce sont vos souvenirs, vos bonheurs, pas les miens.
Ensuite, le bonheur se quantifie, certains seront contents avec des riens, d’autres auront des plus grands besoins. Il y a les éternels insatisfaits et puis ceux qui aiment la vie depuis leur naissance et prennent le risque d’énerver ceux de la catégorie jamais contents.

C’est Noël, une période généralement heureuse, alors je vais me lancer sur le sujet. Une chose que je sais, on range pas le bonheur dans la boite à solitude, avec la crème communiquer mieux de chez Thérapie, avec les mots médiocre, looser ou dans la trousse rides et peau qui tombe. Si vous faites ça, c’est que vous déprimez mes cocos. Non, le bonheur c’est chouette !

C’est quoi alors ? Ça ne serait pas quand on se contente des choses qui sont devant nous comme, je prends pour exemple, nos enfants par hasard ? C’est vrai que si on arrête deux minutes de se faire du mouron, et qu’on prend le temps de réfléchir : ils vont bien. Alors, on va bien ? Ça devrait être source de bonheur. Quand ils sont au commissariat pour vol de mobylette ou collés tous les vendredis après-midi du reste de l’année pour avoir jeté des bombes à crotte sur la voiture du proviseur, qu’ils coupent les cheveux de leurs copines qui viennent jouer à la maison, ça c’est les emmerdes. C’était, dans le désordre, ce que font certains de mes enfants ou mes craintes qu’ils le fassent un jour.

Donc, une fois qu’on a mis les marmots et les animaux domestiques de côté, pour ceux qui en ont,  je pense que le bonheur vient de soi. Je ne rigole pas, si vous attendez qu’il vienne frapper à votre porte, vous allez, hélas mes petites princesses incrédules,  attendre toute votre vie. Nous ne sommes pas chez Mickey. Il faut avoir du bonheur en soi et surtout le partager. Inné ou acquis, c’est pas mon problème, trouvez-le ! Si ça paraît naturel chez les gens qui sourient tout le temps, et j’en connais, ça peut aussi s’apprendre pour ceux qui ont du mal. On peut s’entrainer à sourire devant un miroir pour commencer, en réfléchissant à si on préfère l’enfer au paradis. C’est juste un exemple. Il y aussi le froid et le chaud ou  la saucisse de Frankfurt et de Toulouse mais c’est pour dire que c’est vraiment de la réflexion, un choix de vie et… parfois un apparat. On revêt un sourire. On dégage de la bonne humeur, on sue du bonheur. En se convaincant qu’on est heureux, on le devient. Donc, oubliez ceux qui ont l’air heureux tout le temps, on ne sait pas ce qu’il y a sous la façade. Pensez au vôtre. Et puis aussi, à si vous avez envie de l’être. Allez-vous bien ? Pas aujourd’hui, mais depuis le début de votre création. Vous ne savez pas, vous vous tâtez?
Allez, j’ai moi-même, quelques petites recettes de bonheur que je pourrai partager. Je vous sens chagrin.
D’abord, pourquoi ne faites-vous pas mentalement une liste des petites choses qui vous rendent heureux dans une journée et concentrez-vous dessus.
Tenez, que dites-vous de l’odeur du café que vous sentez depuis votre lit, parce que, pour une fois, ce n’est pas vous qui l’avez fait. C’est bien, ça ? Un rayon de soleil qui transperce les rideaux, qui prouve qu’un jour par an, à Londres, il fait beau rien que pour vous. Embrassez le soleil ! Quand au moment de vous habillez, vous vous rendez compte que votre culotte porte bonheur est pliée et rangée dans son tiroir, vous la porterez aujourd’hui, le 5 du mois, votre chiffre porte bonheur, jubilez, sautez de joie, car peut-être l’avalanche de bonnes surprises est tout près de chez vous (derrière la porte ?)!
Oh qu’est ce que ça va être après ? Petit-déj au lit ? Massage des pieds pendant que vous dormez (glauque). Chauffeur qui vous attend en bas pour vous balader toute la journée, de shopping en musées, en verres de Prosecco, accompagnée de votre chanteur de rock préféré (ou de votre mari pour celles qui ne s’autorisent pas à rêver un peu). Et puis quoi encore ? ? On a dit des petits bonheurs !

Je passe les chants d’oiseaux, car on est pas obligé d’aimer ou d’y être sensible. Personnellement, j’aime bien mais pas au point de le mettre sur ma liste.
Bon après, il y a les rencontres faites au cours de la journée, les coups de fils fortuits, les bonnes conversations, l’échange quoi ! Selon moi, c’est primordial : la communication et la chaleur des autres peuvent engendrer des sensations de bien–être et parfois, des bonnes parties de rigolades, si tout le monde est bien luné. Et quoi de mieux que de rire, de rire, de rire et de mourir de rire ! Ne cherchez plus, c’est ça le bonheur : la pouffade, la rigolade, le rare fou-rire, la barre de rire aussi, etc… Bah oui. C’est simple comme bonjour ?
Malheureusement non, ça ne vient pas tout seul. On peut s’aider en  regardant des vidéos de spectacles comiques, mais faut assumer les conséquences, les moqueries. Quand Gad Elmaleh fait sa tournée Londonienne, on peut y aller parce qu’on a besoin de rire mais on est pas obligé de le dire aux autres. Florence Foresti pareil. Si vous vivez en milieu austère ou que les gens autour de vous n’ont pas votre humour – ça arrive – là, il faudrait changer de direction et chercher le bonheur ailleurs. Et ne vous obstinez pas, vraiment, sinon on dira de vous « ah, Machine, elle rigole quand elle se brûle ! ». Il faut donc soit être né drôle, soit copier ceux qui le sont (ça marche pas toujours) soit sourire tout le temps (comme ceux de la catégorie toujours contents).
Bon, le quotidien ne vous branche pas plus que ça, allons vivre un peu dans le futur, nous projeter dans une autre vie. Je crois que c’est vivement déconseillé par les psychologues, mais on s’en fout, nous ne sommes pas de la profession et on nous a dit d’aller chercher le bonheur ailleurs.
Dans ces cas là, je pense que le domaine du rêve, de l’attente peut procurer un sentiment d’excitation, d’euphorie.  Le bonheur du futur.  Quand je serai grande, j’aurai un poney club ! Je me sens bien de le dire, j’y crois, je m’y vois avec mes bottes en cuir et ma cravache rose. C’est bon.
Pas demain, mais dans six mois, tu sais que tu partiras au Mexique. Tu es déjà sur les plages de Tulum avec ton chapeau mexicain. Le rude hiver te déprime, mais tu diras bonjour au bonheur de ma part quand tu seras dans l’avion. Ou pour ceux qui aiment Noël, comme moi, bah, dans quelques jours, c’est Noël. C’est pas maintenant mais y’a un projet de bonheur, une envie qui réside. On sera en famille, on va bien manger et bien boire (l’alcool peut être source de bonheur) et puis, of course, les cadeaux. Moi, j’aime faire des cadeaux et en recevoir, cela va sans dire. J’adore ça même. J’en ai souvent et ça me rend direct au rayon bonheur instantané à côté du café.
Un dessin de Rosie, des gants de cuisine qu’Oscar me ramène du Japon (alors que j’avais suggéré du thé au jasmin) parce que s’il pense à moi, c’est en train de cuisiner, j’adore. Un porte-clef avec Buckingham Palace, j’suis ravie.

Bon, enfants, rigolade, rêves, cadeaux, c’est fait. Je crois qu’on a fait le tour, là.
Ah, il y a l’amour aussi mais bon, faut être deux, et j’aimais bien mon postulat de départ qui disait que le bonheur c’est avant tout, soi. Faut s’aimer.
J’ai oublié la musique. La musique fait du bien. Dans les gros coups de mou, je préconise la danse aussi. Musique à  fond, dansez, ça fait un bien monstre.  Vous perdrez peut-être 500g au passage en sueur, ce qui n’est pas négligeable (et ça veut dire que vous pourrez manger deux tartines de Peanut butter au goûter). Vous libèrerez des endorphines et vous serez heureuse comme une gamine de dix ans. Plus d’inhibition, pas de police du dancefloor, on sue et on oublie tout, on rie, on communique avec les autres (si vous êtes à une fête. Pas seule à la maison) (ou alors devant un miroir, ça fait comme si vous étiez deux), donc, on revient à l’échange, à la chaleur, au rire, évoqués plus haut. Non, vraiment danser c’est  un vrai bain de jouvence en 4 minutes 32 de Papa don’t preach (Madonna). Et c’est gratos.
Donc, conclusion le bonheur est dans la musique ? Qu’est-ce qu’on attend pour faire la fête ?


Merci a ma supere Elodie Coudray pour ses dessins de Noel!!! 


mardi 18 décembre 2012

J'veux du bonheur


On m’a demandé de participer à un petit projet sur le bonheur. Pfff, la tuile. C’est vaste comme sujet et en plus, je préférerai franchement écrire sur la fatigue. Ça me parle en ce moment, enfin, ça me tient au corps comme un thermolactyl trop petit que j’arriverais pas à ôter. Pour le coup, c’est un peu l’antithèse du bonheur.

Je SUIS fatiguée. 

C’est le syndrome George. Avoir un bébé dans sa vie, qui plus est un troisième, ça fatigue. La journée, je n’ai pas le droit à l’erreur. Je suis obligée d’être au garde à vous et tant pis si je ressemble à Droopy après mes trois couches de BB crème. Pas de micro sieste, pas le temps de regarder par la fenêtre en s’imaginant ailleurs, pas le droit de s’endormir en nourrissant George ou en marchant dans la rue avec la poussette. Pas le droit de lâcher, par inadvertance of course, cette poussette parce qu’on parle avec sa voisine et qu’on a trois sacs à main dans les bras. Le mien, celui du bébé et celui de la poussette. Non, ça craint.
La voisine est vieille et aveugle d’un œil, j’ai pu faire diversion aisément et prétendre m’être fouler la cheville tout en lui parlant, alors qu’en fait j’avais bien lâcher la chariote et le bébé sur la route.
Il fallait que j’invente une excuse ; son unique œil avait été témoin de la panique sur mon visage. J’avais pas vraiment envie qu’elle raconte je ne sais quoi à mon sujet, aux autres voisins tous détenteurs de la carte vermeille. Sont tous vieux mes voisins, mais faut s’en méfier quand même. Fatiguée mais vive d’esprit !

Ça nous éloigne légèrement du bonheur ce manque de sommeil. Que faire ? Encore six mois, peut-être un an. C’est long. Ou alors je prépare un plan d’attaque pour récupérer ce sommeil et me débarrasser de mes yeux de panda.
Rosie d’abord. Si elle arrête de se mettre le doigt dans le nez, elle ne débarquera plus en pleine nuit, la bouille en sang comme Princesse Mononoké. Je ne serai plus réveillée en sursaut, tout en ayant la présence d’esprit de ne pas réveiller le bébé. Il me faut donc du scotch et des petits clous pour lui mettre au bout des deux index. Hop ! C’est réglé. Le bébé ? Hum, délicat, il est malin et imprévisible. Il peut surprendre à faire une nuit complète, sans prévenir. Le jour où c’est arrivé, j’étais pas prête mentalement, je me suis réveillée à l’heure habituelle : quatre heures. Rien, pas un bruit. Mais impossible de me rendormir. Il faudrait remplir le dernier biberon du soir de cailloux. Je suis prête à tout, je paye même, s’il faut. Je DOIS dormir.


Je peux aussi l’empêcher de dormir toute la journée pour être sûre qu’il fasse ses nuits. Vous connaissez la goutte chinoise ? Allongé, bras et pieds liés (pas obligé pour un enfant), une seule goutte d’eau entre les (deux) yeux pour empêcher la personne (ici l’enfant) de dormir. Si tout se passe bien, au bout de quelques heures, le sujet est  extrêmement fatigué. Après une séance chinoise, on dort 24 heures. De la torture ? Oui, peut-être. La fatigue, ça vous donne de drôles d’idées. Bon, c’est pas grave, j’en ai d’autres dans mon chapeau. Le grand ? Il dort et quand bien même il ne dormirait pas, il est tout en haut, je ne l’entends pas. Le mari ? Il est dans mon camp mais il peut ronfler des fois, et ça, à quatre heures du mat, quand on fait mentalement sa liste de courses du lendemain et qu’on est conscient que c’est affligeant, qu’on ferait mieux de dormir… ça énerve. Ça donne envie de faire du Taekwondo. Schlah ! Dans le cou. Il ronflera plus. Je rigole. Je l’aime, quand même ! Il paraît que siffler peut marcher mais je le déconseille si on veut s’endormir. La violence n’est pas la solution, d’accord, mais je ne dors toujours pas.
Le hamster ? Je lui ai démonté sa roulette. La gym, c’est le matin, Buster (c’est son petit nom de hamster), pas la nuit. Sa mezzanine, où Monsieur se croit sur la promenade des Anglais pour admirer la lune et nous toise de ses moustaches rousses. Y’en a plus. C’est du plat, on dort dans sa caisse le hamster !!!!

Donc, le bonheur, je préférerai en parler la semaine prochaine, j’aurai une vision plus adoucie car j’ai la ferme intention de me rattraper et de penser positif et bonheur. Je me sens comme dans le film Insomnie. Tout est sombre, bas de plafond, il fait nuit à 3.30pm, juste avant le goûter. Oui, en Angleterre, il fait nuit assez tôt en hiver. Je pense à Rio. Hier, il pleuvait. Ça paraît futile comme information. Mais non, il pleuvait, il était 2h00 pm et il faisait gris foncé presque noir. Comme la nuit. Je pensais aux Antilles. Ça a envoyé des signaux à mon corps qui s’est dit qu’il était bientôt l’heure d’aller se coucher, et ma fatigue s’est intensifiée. C’était au feu les pompiers dans ma tête. A peine le temps d’une cup of coffee et de se remettre de sa courte nuit, paf, il refait nuit.
J’attends avec impatience qu’il soit 20h30, heure d’aller au lit pour tout le monde, même maman. Et c’est pas 20h31, c’est trente. Tout est chronométré au risque de paraitre un peu caporal sur les bords. Je m’en fiche, je suis foutue, ma cote de popularité à la maison a chuté de 90%. Ma fille me dessine en ce moment, avec les sourcils froncés, une  bouche comme Le Requin, le méchant dans James Bond. Un milliard de dents carnassières. Je fais toujours un « ouh » de surprise, quand elle me montre mes portraits. Je dis « mais c’est qui ça ? » « Bah, c’est toi maman ! »

                                  


Ceci n’est pas le bonheur. Dire qu’avant, elle me dessinait avec des belles robes flamencos, des talons hauts, toujours du rouge sur la bouche et sur les ongles,  parfois les seins qui sortaient du décolleté, mais c’était un genre. J’étais belle. Heureusement, un petit sourire de mon George ou un bisou bien claqué d’un des deux autres, une rivière de diamants de mon mari, et je me rapproche doucement de ce concept que sont le bonheur, la satiété, le contentement. Le bonheur, ça peut être simple comme une bonne nuit dans son lit douillet. 
Avec une rivière de diamant.
Y’en a bien qui dorment avec du Chanel N°5 !


Merci à Miss Rivers pour les illustrations de cette semaine. Et of course à Rosie.




mardi 11 décembre 2012

Le mardi lecture et littérature

« Ma saleté de tignasse refuse de coopérer…me voilà en train d’essayer de soumettre ma crinière à coups de brosse. Je ne dois pas me coucher avec les cheveux mouillés. Je ne dois pas me coucher avec les cheveux mouillés. Tout en me répétant cette litanie, je tente une nouvelle fois de mater la rébellion capillaire. Excédée, je lève les yeux au ciel… »

STOP !!! N’en jetez plus.
E. L James (si c’est son vrai nom), vous avez gagné, je n’ai pas commencé votre livre que je suis déjà excédée et je songe à virer plutôt Barbara Cartland.
C’est salon du livre cette semaine sur mon blog.
Si mes parents m’ont donné le goût de la lecture dès mon plus jeune âge (Martine, comme vous le savez, Fantômette, La famille des Barbapapa), ils ne m’ont jamais rien dit sur  la fin de cette douce période littéraire. Celle où, quand on devient parent, on ne lit plus. C’est sûrement par nostalgie que mes parents me poussaient à lire. Adieu donc, les gros pavés et bonjour Mickey, bonjour Voici, les lectures compatibles avec ma vie de mère de famille et au foyer. Par contre, j’ai gagné en savoir faire : je sais, à présent, faire trois choses en même temps : manger debout dans la cuisine, porter un enfant, ou un gros sac de linge sale et regarder les images de mes magasines. J’ai perdu un peu en culture générale dans cette histoire, n’ayant plus le temps de lire mon journal du samedi matin, mais ça ne manque à personne. Une ligne et un enfant qui m’interrompt. A la cinquième fois, je sais plus où j’en suis, si je lis du Voici ou un article sur les écoutes illégales de News of the world. Qui couche avec qui et qui écoute qui ? Alors, de frustration, je jette le journal! La question demeure, est-ce si grave de ne plus être au fait de l’actualité quand on passe ses journées avec ses enfants et que lorsqu’arrive l’heure des grands, on part se coucher ?? Six mois que je suis sur La chute des Géants de Ken Follet. Je lis trois pages religieusement tous les soirs. Mes paupières sont, en général, très lourdes à la deuxième page. Je dois lutter héroïquement car mon voisin se moque de moi et me demande souvent si j’ai déjà lu la Bible - pratique de l’humour à répétition sur les gens faibles. Mes moments lectures ressemblent à des séances d’hypnoses. Je rentre dans une phase de semi inconscience où je ne sais plus si je suis dans les tranchées aux côtés de Billy, le fusil en joue, ou si je suis juste à plat ventre en position dodo.

C’est à cause des enfants. J’en ai trois. Et bien flûte (ou merde comme on veut) à eux, je continuerai d’acheter des livres. C’est à cause du mari aussi, non ? Faudrait être sur une île déserte deux heures par jour. Héliportée parce qu’on a pas trop de temps. Personne ne pourrait  venir avec moi. Personne.
Faut-il que j’attende la retraite pour recommencer à lire ou quoi ? (Je sais,… quelle retraite ?). Quand mes enfants seront grands et indépendants. Mais mon petit doigt me dit que ça ne s’arrête jamais d’être parents.

Abandonnée à mon triste sort, j’ai dû changer un peu mes lectures. Mon cerveau ne prenait plus en compte les histoires ou les mots compliqués. S’il y avait plus de deux personnages principaux et que je ne prêtais pas vraiment attention à leur nom, c’était fini pour moi. Genre, John Carmichael et Jonas Mitchell. Bon, là, ça va. Mais si, entre en scène Toby Hutchinson, je suis foutue. D’abord, on était très bien avec John et Jonas et puis qui est Toby ? Je croyais que c’était le frère de John. Attends, je reprends la première page. Ah, non, Toby c’est juste le coursier qui vient livrer une enveloppe (c’est suspect). Il disparaît à la page 5 car la livraison, certes un peu longuette, est terminée. Emballé, c’est pesé, on passe à la page 6 et je suis toujours avec mon livreur à me demander si je ne ferais pas mieux de l’oublier, ou si je dois suivre mon instinct, à savoir : est-il vraiment coursier? Vous voyez mon problème ? Je perds un temps fou, c’est pourquoi, j’aime bien quand il y a une femme, au moins visuellement, j’arrive à faire la différence. Il me faudrait un homme, une femme et un animal, là, je serai bonne. King Kong (c’est fait, toutes les versions), Babe (avec ta mère Cédric), Howard Duck (y’a longtemps) etc... C’est pathétique, je sais. En plus, vous n’êtes pas sans savoir que je mélange l’anglais et le français et qu’en fin de journée, je ne sais plus où j’habite, tellement tout s’emmêle dans ma tête.

La vie et mes enfants me refusent le droit à la détente, au calme et à la volupté, (à la luxure aussi, heu, non pardon, à la gloire et l’amour de l’argent. Bref, à tous les péchés capitaux) je lirai des polars en été et des sagas en hiver. Pas de biographies, j’ai un standing. Et ça, c’est quand les gens ne décornent pas mes pages.

Donc, qu’est-ce que j’ai choisi de lire prochainement, je vous le donne en mille ? Fifty Shades of grey de E.L James (Eldorado ?). Enfin, j’ai choisi, j’ai choisi… mes enfants ont choisi, puisqu’ils m’empêchent de lire des livres qui défient mon intelligence. C’est donc à cause d’eux que je me tourne vers l’érotisme de salle d’attente. Ils ont des goûts un poil vulgaire ces enfants tout de même !  Je n’ai pas voulu le lire en anglais, malgré mon bilinguisme aigu, car je dis toujours que la lecture doit m’aller droit au cœur, pas à la tête. Oui, je dis des choses comme ça. Il s’agit aussi de vivre l’histoire, la ressentir. Et j’avoue que dans ce cas précis, j’aurai dû faire une exception à la règle et le lire en anglais. Le premier paragraphe de la toute première page n’augure rien de bon. Que faire ? Lire coûte que  coûte ce porno à mamans, histoire de pimenter ma vie monotone de mère de famille au risque de lire une histoire ridicule et d’en avoir honte et de ne jamais vous le dire, à vous, mes copines ? Ai-je du temps pour le ridicule ? Pour l’érotisme, toujours, mais le ridicule, je ne sais pas. Que de questions et si peu de temps.

Je pense persévérance. Je vais d’abord finir les 500 pages de Ken Follet ensuite E.L James parce qu’il est sur la table de nuit maintenant (à m’envoyer des signaux érotiques) et puis pour les histoires plus complexes, je vais attendre ma soixantaine, ma maison de retraite à Miami, mon bandeau visière et ma peau tannée par le soleil. Je lirai du Jackie Collins (sœur de Joan (héroïne de Dynastie)) avec mes copines américaines.


Illustrations d'Hélène Badault du blog aufildelene.com . Merci beaucoup Hélène, je suis flattée d'avoir tes dessins sur mon blog.



mardi 4 décembre 2012

I can get no satisfaction


-  Elodie, est-ce que tu veux te marier avec moi ?
-       Hum…
-       Non, mais dis moi, parce que je veux me marier avec toi, et si tu veux pas, je demanderai à quelqu’un d’autre, mais j’ai          hyper envie de me marier avec toi, tu vois.
 Bon d’accord mais…
- Attends ! (son téléphone imaginaire sonne) Allo ? allo ? c’est qui? hanhan, hum, oui, oui (quelqu’un lui parle) ah oui Cathy,       non, Elodie est occupée, elle peut pas te parler, rappelle demain.
-   Bon Elodie, alors, tu veux te marier où, dans un château, un jardin ?
-       -Oui, un jardin celui de Grandma et Grandad ?
-       Et bah voilà, on se mariera dans leur jardin. Maman, est-ce que tu peux me couper les cheveux pour que je sois le Daddy ?

C’était mon diner d’hier soir avec des invitées très spéciales. Elodie cinq ans et Rosie, ma fille, 5 ans aussi. Je pensais attendre ses douze ans, mais en fait, elle est prête pour Pretty Woman. Elle a présenté l’écrin avec, pas une, mais deux bagues, qu’Elodie pouvait choisir. C’était merveilleux.  Elles sont cousines et si j’ai le malheur de dire que ça ne va pas être possible, pour le mariage, (ce n’est pas la première fois qu’elles en parlent), Rosie me rétorque que la maman de Bella a dit que les filles pouvaient se marier entre elles. Elle en sait des choses la mère de Bella ! J’ai balbutié une réponse en attendant de trouver quelque chose de bien senti et percutant, genre que le mariage entre cousins c’était illégal, quand Cathy, mère d’Elodie, entra dans la cuisine pour me dire qu’en Angleterre c’est tout à fait légal. Et bah voilà, merci Catoche. C’est tout tracé, elles se marieront donc, avec ou sans, ma bénédiction.

Ça fait réfléchir malgré tout, cette conversation. J’étais ébahie. C’est pas Jacques Martin qui disait que les enfants étaient formidables ? Et bien, il avait raison. On ne tortille pas du cul quand on a cinq ans et des poussières. Pas de langue de bois, on y va direct et on dit ce qu’on pense. Go, go, go ! 
J’aime bien.

Dans un monde idéal, ça serait bien si nous aussi adultes, on se parlait avec cette franchise, cette clarté. Tu veux ou tu veux pas ? Point à la ligne.

Par exemple, ici sur la planète Londres, je trouve que les Anglais pratiquent la langue de bois un peu trop souvent à mon goût, enfin, ils l’appellent la langue diplomatique. (Sergei et Dimitri, il faut empêcher Pip de lire le Marie me de cette semaine. Une embuscade avec béquille dans la cuisse  gauche et frites sur celle de droite dans la ruelle derrière ses bureaux, c’est faisable ?). Quand je suis en colère et que j’ai envie de blesser mon adversaire sous la ceinture, je lui balance que c’est la langue des hypocrites. Bang ! Dans les dents. J’entame une joute verbale qui ne finira que lorsque j’aurai mis mon opposant en touche avec une autre vérité, mais que je garde pour les grandes occasions : l’Anglais est un lâche !
Oh my god, là, en général, on en vient aux mains et aux cols de chemise.

Si j’avais entendu les deux cousines plus tôt, ça m’aurait  sûrement inspiré avant mes déboires sentimentaux.


Parce que, ça décoince des situations délicates d’être direct, on peut éviter des séparations et la casse de vaisselle. Les verres surtout. Chez Ikea, ils sont pas trop chers. Mais quand même.

Demander à son bien aimé, si oui ou non bordel, il veut un enfant par exemple, je dis non. Il faut se servir de ce langage avec parcimonie, sinon après on passe un peu pour la poissonnière du coin ou la Florence Foresti de service. Par contre, je dis qu’on ne met jamais assez de franchise dans les petites choses du quotidien. Par exemple, je n’aime pas me disputer pour des broutilles, c’est donc dans ces cas-là, exactement, que les choses doivent être claires. Si mon mari passe trois heures à faire une soupe Thaï et que servie dans mon bol puis dans ma glotte, je la trouve biennnn trop épicée, je ne sais pas lui mentir. Les gouttes sur mon front pourraient de toute manière le mettre sur la piste, mais j’ai ceci dit, le choix de dire « délicieux, hum, j’en reprendrai bien un bol entier, plus un autre dans mon Tupperware de demain midi pour le bureau (si je travaillais dans un bureau),  tellement c’est bon. Oh, les gouttes, là ? C’est rien, je crois que je viens de me choper la grippe espagnole mais ta soupe, mamour, est délicieuse » ou bien « oh chéri, t’as pas eu la main morte avec le piment rouge, c’est pas sympa de me faire ce coup là, j’ai le nez qui coule maintenant tellement ça pique, c’est malin ! ?» (bastard ?) . Vous voyez, j’opte toujours pour la réponse numéro deux, je ne suis pas comme l’âne de Beridan (réelle expression française mais très peu usitée), ça évite tout ressentiment et la relation reste saine. On est ami à la fin du repas et c’est ce qui compte.

Alors un enfant ou pas Roger ? Votre horloge biologique tique à tout rompre, c’est  donc maintenant et pas dans dix ans. Calmez-vous ! Prenez l’air un chouïa exaspéré ou plutôt inquiet. Sérieuse comme la secrétaire en réunion qui se concentre pour prendre des notes et regarde son patron en lisant sur ses lèvres car elle ne comprend pas ce qu’il dit, c’est en Anglais, il a bu (il est dix heures du matin et alors ?), son phrasé est saccadé, et il bave légèrement. Impossible de prendre des notes. Vous êtes agacée, mais consciencieuse. Vous faites votre boulot. Idem pour faire un enfant.
C’est du vécu, ça s’entend non ? Pfff, je vous ai déjà dit que j’ai été secrétaire de direction. Voyons, je fais pas que rien dans la vie !!!!

On n’ouvre pas un dialogue sur la conception d’un enfant, en ricanant, en s’allumant une clope (surtout pas), en feuilletant Camping Car magazine à la librairie ou à travers la porte des toilettes pendant un pipi. Non.

Moi, après mes retrouvailles avec mon mec Pip, j’ai pas mal insisté sur mon âge et la carrière internationale qui m’attendait. J’ai dû prendre mon air mutin et dire que vraiment c’était mieux maintenant que jamais ; s’il en voulait un. Il en voulait un. J’ai fait un savant mélange de langue diplomatique et de lâche avec un nuage de langue directe.
Quoiqu’il en soit, neuf mois plus tard, y’avait un petit George à la maison. 


Illustrations de Frédéric Felder. Plus connu sous le nom de Franky Baloney, directeur commercial des Editions Les Requins Marteaux, il cultive deux passions : faire du feu pour faire griller des saucisses, dessiner des dessins  et jouer à l’euromillions tous les vendredis à 19H55. 
Merci Fred.