mardi 27 novembre 2012

Un blog et tous vos problèmes sont résolus.



Aujourd’hui, ça va être un peu comme dans la quatrième dimension, mais ça ne sera que la deuxième (nous n’avons pas l’argent nécessaire à la production) : je vais parler de mon blog dans mon blog. Une des occupations que j’ai trouvée pendant mon année sabbatico-abstinento-séparato a été de commencer un blog. Ecrire, pour mon plaisir d’abord, pour mes copines ensuite. Et mes parents. Ah et aussi pour la copine de ma mère, Françoise. Tout a commencé, le jour où j’ai lu une annonce dans un journal. Une personne qui créait son site internet, recherchait des gens qui avaient envie de raconter des histoires. J’avais envie de raconter ma vie, il y avait de la matière. J’ai donc tenté l’expérience et découvert que j’aimais ça, que ça faisait du bien là où ça passait.
On connaît tous la success story qui a suivi : je me suis plongée dans cette nouvelle aventure à corps perdu, les fans se sont amassés, des hommes faisaient la queue devant chez moi pour une signature sur un bout de chemise, j’ai eu des commandes pour le Tome II (du blog), ensuite la tournée, les drogues, les deux villas à Hollywood sur les bras etc.. (je baille). Bref, douée ou pas, je ne pouvais plus m’arrêter. C’était officiel, j’aimais et j’aime toujours écrire avec mes petits doigts boudinés volant sur mon clavier à la vitesse grand V.

Dans cette nouvelle vie avec mon nouveau blog, j’avais l’ambition de vivre de ce que j’aimais (bonne chance) et de partager mon nouveau bonheur. Je rejoins sur ce point Céline Dion qui a dit « Le bonheur ne se cache pas ». Si Céline pouvait arrêter de beugler et aller bosser encore plus loin que le Caesar Palace (dans le désert), le monde irait mieux, mais j’avoue que son enthousiasme pour la vie est un bel exemple et je n’hésiterai donc pas à la citer ce mardi.
Je dédiais ma vie à mon blog et passais en douceur à autre chose. Ne négligeons pas mon binôme avec Julie, ma copine dessinatrice, qui a boosté ce projet. Je n’étais plus seule, nous avions toutes deux, enfin, un vrai travail. Pas dommage à trente-cinq ans ! On était en liaison permanente, oreillette dans l’oreille, même pendant la vaisselle. Au cas où. Ça a été vraiment salutaire, j’étais plus légère puisque je me débarrassais de mes problèmes sur ce blog. Ils devenaient les vôtres, mes chers lecteurs, et avec du recul, ça paraissait moins dramatique toute cette histoire. C’était un peu comme une consultation chez le docteur mais à domicile. Je vous dois combien d’ailleurs ?


Quand l’été arriva, comme une abeille sur une pâquerette, mes enfants prirent le train destination Italie avec leur Daddy pendant que maman se refaisait une santé sous le soleil roussillonnais. Occasion aussi de trouver des idées de génies pour le blog, de se débarrasser de cette mine terne qu’on porte toute l’année à Londres – ça et des sacs plastique sur la tête parce qu’il pleut tout le temps - et de me remodeler la silhouette sur le transat près du jacuzzi de ma mère, entre deux « oufff » quand je me penchais pour ramasser le Voici et le rosé. Parce que c’est pas sous mes chaussures New Look que je vais le trouver ce corps de rêve, hein !!!

La suite ? Et bien, je suis rentrée chez moi, belle comme les champs, le cheveu soyeux et la démarche assurée (encore ?). J’étais gonflée à bloc, j’aurai pu casser des briques avec le revers de ma main (ou tailler des buissons en forme de paon), marcher sur de la braise aussi. « Ma vie morose Part I » se transformait en « ma vie en rose Suite et Fin ». Tout était derrière moi. Londres l’a vu tout de suite, et en toute modestie, j’ai conquis la ville entière même ceux qui n’y croyaient plus. Mon mec et moi avons décidé de conjuguer la vie à deux. Remettre le couvert, si ça vous parle plus. Il avait fait son petit bonhomme de chemin, trouvé la voie qui lui fallait pour être heureux aussi. Et ça ne pouvait pas se faire sans moi, apparemment.
Voilà, j’avais un blog et un mec. Exactement ce qu’il me manquait.


























Mariam Pagand, encore merci pour tes jolis dessins.




mardi 20 novembre 2012

Un lézard peut en cacher un autre


Saviez-vous qu’Obama, la reine d’Angleterre, toute la famille Rothschild, Tony Blair, Mick Jagger et j’en passe, étaient en réalité des lézards ? Mick Jagger okay, mais creusons un peu pour les autres. Cet article de David Icke m’a légèrement chamboulé et laissé perplexe tout le weekend. Et si nous n’étions que des infimes particules, complètement manipulées par des créatures plus fortes que nous qui seraient, pourquoi pas, des lézards humanoïdes ? Et comment David Icke peut-il sans vergogne et sans passer pour un illuminé, affirmer ceci ? Parce qu’une voyante lui a dit, il y a vingt ans, qu’il était l’Elu ? Qu’il était sur terre pour passer des messages pendant que d’autres feront du pain à la boulange à quatre heures du mat. Ancien journaliste sportif sur la BBC, il a un jour tout arrêté après une interview télé où il a balancé, d’un coup d’un seul, qu’il était le fils de Dieu. Boum !

Son site internet est assez intéressant et il a un mot à dire sur quasi tous les sujets. Dire que nous sommes manipulés et observés par des reptiles, fallait y penser et avoir de sacrées cojones; j'aime bien les gens qui prennent des risques, ça donne envie de s'assoir, commander un petit Marie Brizard, fermer les yeux et attendre.  Ou bien, c’était pour faire diversion. En pleine campagne électorale américaine et disette de unes sensationnelles, « on » lui fait une commande : David, tu nous ressors ton histoire d’aliènes, fais donc une convention à Wembley stadium, si tu fais rien samedi en deux. Des gens viennent du monde entier pour voir son…spectacle ? Sa convention ?
Par conviction ou pour se moquer ?

Pour se moquer. David, faut qu’on cause. Moi aussi j’ai aimé la série V, je connais les reptiles humains, mais je mets toujours une distance entre les personnages et moi quand je regarde une série. Sinon ça peut devenir dangereux. Non, Don Draper ne m’attend pas dehors dans sa Cadillac, la clope au bec avec le désir secret de m’attirer dans ses filets et de m’y garder pour l’éternité ; parce que ça ne me dérangerait pas. Et non, je ne suis pas Carrie Bradshaw dans mon appart New-Yorkais à attendre Mister Big sous prétexte que j’écris un blog en regardant par la fenêtre, vêtue d’un tutu et de chaussures imitation Manolo Blahtnik (j’ai pris la gamme en dessous, moins cher :New Look).

Des reptiles sous forme humaine envahissaient la planète, enfin l’Amérique, mais ça revient au même à Hollywood, et s’emparaient de la Maison Blanche – ce qui veut tout dire. Un vrai putsch dans l’espoir de nous anéantir tous et nous voler notre eau (?), à nous, Américains. Voilà, maintenant j’imagine Obama se transformer dans son bureau ovale entre deux conférences call. Même pendant si y’a pas la webcam. Est-il vraiment un lézard ? Non ! Pas Barack.

Mais dire de Mike Jagger qu’il en est un, c’est presque pas sympa.
Tout ça parce qu’il a des yeux de mérou. Il était bel homme dans sa jeunesse, les abus et les grosses fêtes du samedi soir, l’ont un peu abimé et c’est vrai, que maintenant, il ressemble à un lézard. Mais c’est pas gentil de le dire. Faut juste le penser. Par contre, bien joué, de dire qu’Obama est l’un d’eux. Ça fout les chocottes, on est en pleines élections donc ça nous parle, président des USA, c’est un peu comme président du monde. Si Obama est un lézard machiavélique qui cherche à nous dominer, nous pomper notre matière grise (déjà, bonne chance), on est dans l’épicentre de sa théorie jusqu’au cou. Ça revient à dire qu’on va tous mourir ou devenir des lézards parce qu’il nous tiennent, lui et la reine d’Angleterre par le slop. Et moi, messieurs mesdames, j’ai pas envie de ressembler à Mick Jagger, non merci.
Tout ça pour dire qu’on a besoin de croire en quelque chose (surtout quand on a un coup de mou) en n’importe quoi, en dieu, aux astres, aux fleurs, en l’amour, la réincarnation dans les mouches et même aux lézards. Ceci dit, ce dernier peut vous attirer des bricoles : Mme Icke numéro deux a été congédiée car David Icke, notre illuminé, trouvait que son visage avait bizarrement changé et qu’elle était sûrement de la team Obama & Co. Elle a pris son sac sur le champ (qu’est-il arrivé à Madame Icke numéro un ?). C’est mieux de croire en des choses plus simples : l’amitié, la famille, l’amour, et des sous pleins nos portes monnaies.

Si ça m’a un peu tourmenté cette histoire de lézards, c’est aussi parce qu’Oscar passe son temps à me dire que je ne suis pas « vraie », qu’il est seul sur terre et qu’on est tous des robots. Alors je m’interroge. Et s’il avait raison. Si Obama et Mick Jagger sont des lézards, pourquoi pas Pip aussi. Va-t-il finir comme Madame Icke ? Ou comme dans un vieux Scoubidou, va-t-il enlever son masque et nous révéler son vrai visage ?





Merci Mariam Pagand pour tes dessins. Tu nous as gâtés.




mardi 13 novembre 2012

There's a place in Kokomo


La semaine dernière, j’ai acheté le dvd de Cocktail pour £4. Tom Cruise à £4. Je passais devant ce rayon à la recherche d’un dictionnaire anglo-japonais pour Oscar et mon regard a croisé celui de Tom,  seul devant son zinc pour £4 seulement. J’ai eu une grosse bouffée de nostalgie en voyant la pochette. Et puis de la peine aussi pour Tom Cruise à £4.

Etrangement, c’était plus ma sœur qui était fan de Tom. J’avais jeté mon dévolu sur Rob Lowe. Youngblood, A propos d’hier soir… tant de chefs - d’œuvres pour un seul homme, ça fait mal aux bras. A l’époque, j’étais plus axée sur le physique que le talent. Encore aujourd’hui, mais c’est pour dire que j’ai commencé tôt. J’ai un peu laissé tomber sa carrière quand ses scandales sexuels ont éclatés ; mais je regrette maintenant. Je n’avais que quinze ans, je me suis sentie trahie et déshonorée, je ne pouvais plus sciemment dire que j’étais fan de lui sans me prendre des regards foudroyants et des quolibets.
Aujourd’hui je me dis juste qu’il était chaud comme la braise le Rob.

Bon, c’est la solitude, vous pensez, qui me chamboule les hormones. Le désert libidinal ? Je penche plutôt pour la vieillesse. Revoir Tom avec son brushing et le néon rose « Cocktail », c’était comme une grosse claque dans ma figure. Biing Marie, prends cette poêle en pleine face vieille bique ! Et vlan, je me retrouvais avec mon Teddy rose (blouson pas nounours) et mes cheveux court en brosse avec la queue de rat, chaque semaine amoureuse pour la vie d’un nouveau garçon. 

Découpant minutieusement des photos de Madonna et les collant sur mon plafond – les murs étaient déjà trop chargés, on ne pouvait plus respirer. Mes parents refusaient de rentrer dans ma chambre, ils trouvaient l’ambiance suffocante et me souhaitaient bonne nuit par le trou de la serrure. Trop groovy pour eux. J’étais dans ma bulle pop. Tom Cruise à £4 c’est pareil, ça me rappelle ma sœur dans la chambre d’à côté, qui découpait sa tête à l’infini. Michael Jackson aussi. Elle avait le poster géant au dessus de son lit qui ma foi faisait réellement flipper.  Mes parents devaient l’enlever tous les soirs, le sortir de sa chambre et le remettre au petit matin, car elle avait trop la trouille de Michael loup-garou-zombie époque Thriller. Etre dans le clan Madonna était plus sûr.

Oh attendez, la B.O me revient. Je ne suis pas musicienne, mais mélomane ; je sais reconnaître de la bonne musique, demandez à n’importe qui. Britney Spears, Madonna et Kool and the gang dans mes cassettes. J’entends les Beach Boys entonner « there’s a place called Kokomo… » et ça me plonge direct dans l’ambiance cocktail, l’ambiance love du film.

Il est juste là. Sur l’étagère, il m’attend. Avec qui vais-je le regarder? Seule ? Avec Oscar ? Pourquoi pas avec Pip pendant que vous y êtes ! Ça, c’est un coup à se faire quitter et à envoyer des lettres anonymes pour se moquer. Ne prenons pas ce risque. Cocktail est un film mièvre de seconde zone exclusivement réservé aux filles. J’ai soudain un peu peur de le revoir. Je ne veux pas être déçue et me dire que non seulement les années 80 - mes années à moi, ma jeunesse, mon insouciance - sont révolues mais qu’en plus elles sentent le mauvais goût et le bonbon pourri ; le Tom qui a tourné. Certaines vérités font mal : les pulls chauve-souris et les épaulettes, c’est fini et ringard et Tom ne sait pas faire les cocktails.

«  Kokomo…..hum hum oh…. sunshine !!! »

C’est la solitude, la peur de changer de décennie, d’avoir une nouvelle ride et les ailes de chauve-souris sous les bras à défaut du pull. Je ne fantasme pas du tout sur Tom. C’est le blues. Je traverse juste un moment pénible et au lieu de manger du chocolat aux amandes, je me tourne vers mes doux souvenirs d’enfance. J’ai comme un poids sur le cœur. La légèreté me manque. Ma vie actuelle est bien trop pesante : les factures, les enfants, les problèmes de couples, y’a plus de papier maman comment j ‘fais etc... Oh mazette, je préférais quand je découpais les magasines et chantais du Madonna en me disant qu’un jour, oh oui, je lui dirai combien je l’aime.

Pendant ce temps-là, Tom me regarde, accoudé à son bar, l’air de dire : «  Vous prendrez bien un p’tit verre darling, un coco loco, un Paris-Brest, I love you, you know? ». 

Avec sa main sur le comptoir, il me dit qu’ici c’est son bar, c’est son royaume, ses bouteilles et ses ombrelles en papier, on vient pas lui en raconter, ses cocktails il les fait comme il veut et si la petite blonde elle est pas contente, elle va chez Flunch. Il aurait pu être videur aussi. Il avait le choix, la carrure, le style. Mais c’aurait été un autre film.
Et bien moi tous ces messages, plus les subliminaux (pailles bleues sur le côtés donc cocktail sans alcool donc boissons pour mineurs donc pour moi à l’époque de ce film) ça me met le bourdon et pire qu’une chanson de Mike Brant, ça me fait ressasser le pourquoi du comment j’en suis arrivée ici alors que j’avais tellement d’espoir.
Il faut vraiment que je me trouve une occupation qui dure plus longtemps qu’une heure par jour parce que je broie du noir  alors que y’a pire ailleurs.



Vous voyez, là, maintenant, j’en prendrais bien un en fait. Tom ! Mon martini !





















Cette semaine Antonio Papaleo nous régale avec ses dessins. Un petit clic sur son nom et vous découvrirez pleins d'aventures sur son blog. MERCI Antonio!

mardi 6 novembre 2012


La bitch est morte, vive la biche !




Inspirant non ? Mais ce n’est pas de moi.


Dans la famille de Pip, je suis une biche. On est tous représentés par un animal. Comme un daemon pour ceux qui on lu Philip Pullman. Il se trouve que je suis une biche. Ma belle-mère a un jour rendu son verdict et choisi l’animal de chacun, même le vôtre. C’est l’experte. Bon, je me voyais plutôt en bel Appaloosa, la crinière au vent, le regard vif, la narine frétillante ; rapport à la passion de mon enfance. Mais Linda, elle m’a vu en bambi qui broute de l’herbe toute la journée et qui sursaute au moindre crissement de feuilles. Mais gracieux a-t-elle ajouté.

Je prends donc ces mots comme un signe. Allez ! Comme dans les années chinoises. C’est mon année.
Je le prends d’autant plus personnellement que j’ai aussi un côté un peu bitch. Et ça, elle a pas mis le doigt dessus la belle-mère. C’est presque un signe du destin, vous voyez.  On me dit que la biche est morte, ça me rassure. Je me sens plus légère d’un coup et prête à commettre de nouvelles  diableries. Ça doit se transmettre dans les gènes car Oscar ce matin m’a interloqué par son audace. En rangeant ses affaires, j’ai trouvé un t-shirt inconnu dans sa penderie. Je voulais savoir d’où il sortait.  Le T-shirt. Il ne savait pas, il réfléchissait. Puis il s’est rappelé que ce devait être à Bilal. Ou non à Kaito.
« Han… j’chais pu maman !!! ». Il m’a demandé si je l’aimais bien ce t-shirt. « Regarde ! » C’était un gros oiseau genre Titi (peut-être un angry bird ?). J’ai dit avec une moue « …mmm non pas trop » puis lui «  beh t’as qu’à le prendre sinon ? »
Sinon quoi ?
Ahlala les jeunes aujourd’hui ! Il voulait me donner le t-shirt de son pote ! Non de diou ! C’est bitch non ?

Meanwhile les semaines passaient à vitesse grand V. Mes activités périphériques me permettaient de supporter le quotidien et ma séparation. Je me forçais aussi à sortir. Ma baby-sitter ne me coûtait pas cher, ce n’était autre que Pip !
L’occasion fait le larron (j’avais du temps pour moi maintenant, autant en profiter non ?), je passais pas mal de week-ends sur Paris pour retrouver ma famille et mes amis, ceux qu’on a besoin de voir quand ça va pas. J’allais téter la gougoutte comme dirait Mamie Gorby sauf que moi là-bas c’était plutôt téter du goulot. Les nuits parisiennes me vampirisaient. J’étais un peu Dr Jekyll et son ombre ou un des deux Guetta (David je peux pas, donc Cathy ce sera) : la fête, la fête, la décadence, le bon goût, la bonne musique et champagne pour tout le monde !
Je rentrai le dimanche complètement retourné, parfois encore enivrée. Mais c’était bon de voir des amis, de danser, de rigoler. Et de trouver des épaules sur qui pleurer. Des fois des bras. Et de remettre ma panoplie de maman (pas fraîche) le dimanche soir à 19h00.
Le temps passait et les amis fêtaient leurs quarante ans. Encore plus d’excuses pour venir sur Paris. Je pouvais enfin parler librement sans réfléchir à la prononciation, juste déblatérer n’importe quoi, dire des mots en verlans ou en franglais, ma langue préf.  Grisée par la facilité de mes échanges, je  tentais même un « …c’est la fête du slip ici  ou quoi?!!!! » Silence (je rappelle que j’ai quitté la France en 2004). Bon apparemment on ne la dit plus cette expression.

La dernière fête en date était celle de mon ami Cédric. Je peux vous dire qu’on a mis le feu sur la piste et sur ma air guitar. Mais à nos âges, on paye pour s’être amusé autant. Les lendemains sont douloureux. Très difficile en fait. Ayant peu dormi et beaucoup bu (maman et tes copines : en fait je bois pas tant que ça, c’est juste pour faire drôle dans l’histoire), mon trajet Paris-Perpignan en train fut extrêmement pénible. Pour info, je récupérais  mes enfants chez ma mère. Cendrillon redevient souillon, moi, maman. Et ne vivant plus dans votre pays, chers amis, je n’étais plus habituée à la SNCF et ses promesses bidons. J’aurais          aimé qu’on m’avertisse sur l’IDtgv.
Sans me consulter IDtgv m’a réservé une place dans un carré convivial. Plusieurs ambiances étaient à disposition au moment de la réservation, mais personne ne m’en a parlé. En arrivant dans mon wagon, il n’y avait qu’un monsieur en face de moi qui m’a salué très poliment. J’ai répondu mmmbonjorur très doucement pour ne pas l’atteindre dans le visage avec mon haleine avinée (maman, si tu lis toujours, je n’ai pas de problèmes avec la   boisson). Assise, je  m’enfonçais dans mon écharpe et me préparais 
                                            à cinq heures de sommeil sans s’arrêter.


Le monsieur avait envie de s’asseoir maintenant à côté de moi. Mouais si tu veux, pas toutes les cinq minutes, j’ai l’intention de dormir. Et j’y retournais. Dans l’écharpe. Ensuite une dame et son fils d’environ sept ans arrivent et s’assoient en face de moi. Bonjour !!!!

Mmmmm.


Elle avait besoin d’attention cette dame. Elle nous expliquait à moi et mon voisin de droite maintenant, en nous regardant bien, qu’elle avait été bloquée sur le quai, à cause de contrôleurs qui regardaient un à un les billets des usagés. Elle a bien cru rater son train etc…. Elle avait l’air gentil et bien élevé, un peu année 80 au niveau de la sape et de la coupe de cheveux mais pourquoi pas, on fait ce qu’on veut avec son look.
En gros, l’ambiance s’annonçait convivial à mon grand désarroi. En fin de gueule de bois, et aussi par politesse, un œil fermé, un œil ouvert, je me suis redressée et  je suis parvenue à aligner deux mots à notre femme des années 80: ah bon ?  Ouais, moi, on m’appelle la pipelette. Tu me dis bonjour et je te tiens la jambe pendant des heures. A la fin tu connais le nom de ma première maîtresse (Mme Bergeron) et la couleur de mes chaussettes que j’avais achetées à Rotterdam avec mes parents en 1986.
Mais le monsieur à côté de moi - que je prenais pour un homme dans sa soixantaine juste content de la vie et heureux de prendre le train en face de moi, puis à coté de moi - très poli lui a répondu «  ah mais Delphine je t’avais dit de ne pas retournée acheter tes journaux …… »

Mais que se passe-t-il ? Qui parle ? Ils se connaissaient ? Pourquoi elle me regardait alors ? En fait, les chaises musicales c’était juste pour que je comprenne bien que les places étaient réservées à sa famille. Et « Delphine » ne me parlait pas du tout. Elle racontait juste à son mari, la panique qu’elle s’était prise dehors et moi avec mon ah bon anodin, je me mêlais carrément de se qui ne me regardait pas. Je me suis encore plus ratatinée dans mon siège et me suis endormie après l’annonce du contrôleur : « Bonjour vous êtes en voiture 18, espace convivialité (je m’en doutais !), dites bonjour à votre voisin (véridique !) et le monsieur à côté, tout sourire « ah bah moi, c’est fait, j’ai dit bonjour ! »
C’était vrai. Bonne nuit.



Illustrations de Lorie Letrepuec qui aime les biches comme moi. Merci poulette.