mardi 18 décembre 2012

J'veux du bonheur


On m’a demandé de participer à un petit projet sur le bonheur. Pfff, la tuile. C’est vaste comme sujet et en plus, je préférerai franchement écrire sur la fatigue. Ça me parle en ce moment, enfin, ça me tient au corps comme un thermolactyl trop petit que j’arriverais pas à ôter. Pour le coup, c’est un peu l’antithèse du bonheur.

Je SUIS fatiguée. 

C’est le syndrome George. Avoir un bébé dans sa vie, qui plus est un troisième, ça fatigue. La journée, je n’ai pas le droit à l’erreur. Je suis obligée d’être au garde à vous et tant pis si je ressemble à Droopy après mes trois couches de BB crème. Pas de micro sieste, pas le temps de regarder par la fenêtre en s’imaginant ailleurs, pas le droit de s’endormir en nourrissant George ou en marchant dans la rue avec la poussette. Pas le droit de lâcher, par inadvertance of course, cette poussette parce qu’on parle avec sa voisine et qu’on a trois sacs à main dans les bras. Le mien, celui du bébé et celui de la poussette. Non, ça craint.
La voisine est vieille et aveugle d’un œil, j’ai pu faire diversion aisément et prétendre m’être fouler la cheville tout en lui parlant, alors qu’en fait j’avais bien lâcher la chariote et le bébé sur la route.
Il fallait que j’invente une excuse ; son unique œil avait été témoin de la panique sur mon visage. J’avais pas vraiment envie qu’elle raconte je ne sais quoi à mon sujet, aux autres voisins tous détenteurs de la carte vermeille. Sont tous vieux mes voisins, mais faut s’en méfier quand même. Fatiguée mais vive d’esprit !

Ça nous éloigne légèrement du bonheur ce manque de sommeil. Que faire ? Encore six mois, peut-être un an. C’est long. Ou alors je prépare un plan d’attaque pour récupérer ce sommeil et me débarrasser de mes yeux de panda.
Rosie d’abord. Si elle arrête de se mettre le doigt dans le nez, elle ne débarquera plus en pleine nuit, la bouille en sang comme Princesse Mononoké. Je ne serai plus réveillée en sursaut, tout en ayant la présence d’esprit de ne pas réveiller le bébé. Il me faut donc du scotch et des petits clous pour lui mettre au bout des deux index. Hop ! C’est réglé. Le bébé ? Hum, délicat, il est malin et imprévisible. Il peut surprendre à faire une nuit complète, sans prévenir. Le jour où c’est arrivé, j’étais pas prête mentalement, je me suis réveillée à l’heure habituelle : quatre heures. Rien, pas un bruit. Mais impossible de me rendormir. Il faudrait remplir le dernier biberon du soir de cailloux. Je suis prête à tout, je paye même, s’il faut. Je DOIS dormir.


Je peux aussi l’empêcher de dormir toute la journée pour être sûre qu’il fasse ses nuits. Vous connaissez la goutte chinoise ? Allongé, bras et pieds liés (pas obligé pour un enfant), une seule goutte d’eau entre les (deux) yeux pour empêcher la personne (ici l’enfant) de dormir. Si tout se passe bien, au bout de quelques heures, le sujet est  extrêmement fatigué. Après une séance chinoise, on dort 24 heures. De la torture ? Oui, peut-être. La fatigue, ça vous donne de drôles d’idées. Bon, c’est pas grave, j’en ai d’autres dans mon chapeau. Le grand ? Il dort et quand bien même il ne dormirait pas, il est tout en haut, je ne l’entends pas. Le mari ? Il est dans mon camp mais il peut ronfler des fois, et ça, à quatre heures du mat, quand on fait mentalement sa liste de courses du lendemain et qu’on est conscient que c’est affligeant, qu’on ferait mieux de dormir… ça énerve. Ça donne envie de faire du Taekwondo. Schlah ! Dans le cou. Il ronflera plus. Je rigole. Je l’aime, quand même ! Il paraît que siffler peut marcher mais je le déconseille si on veut s’endormir. La violence n’est pas la solution, d’accord, mais je ne dors toujours pas.
Le hamster ? Je lui ai démonté sa roulette. La gym, c’est le matin, Buster (c’est son petit nom de hamster), pas la nuit. Sa mezzanine, où Monsieur se croit sur la promenade des Anglais pour admirer la lune et nous toise de ses moustaches rousses. Y’en a plus. C’est du plat, on dort dans sa caisse le hamster !!!!

Donc, le bonheur, je préférerai en parler la semaine prochaine, j’aurai une vision plus adoucie car j’ai la ferme intention de me rattraper et de penser positif et bonheur. Je me sens comme dans le film Insomnie. Tout est sombre, bas de plafond, il fait nuit à 3.30pm, juste avant le goûter. Oui, en Angleterre, il fait nuit assez tôt en hiver. Je pense à Rio. Hier, il pleuvait. Ça paraît futile comme information. Mais non, il pleuvait, il était 2h00 pm et il faisait gris foncé presque noir. Comme la nuit. Je pensais aux Antilles. Ça a envoyé des signaux à mon corps qui s’est dit qu’il était bientôt l’heure d’aller se coucher, et ma fatigue s’est intensifiée. C’était au feu les pompiers dans ma tête. A peine le temps d’une cup of coffee et de se remettre de sa courte nuit, paf, il refait nuit.
J’attends avec impatience qu’il soit 20h30, heure d’aller au lit pour tout le monde, même maman. Et c’est pas 20h31, c’est trente. Tout est chronométré au risque de paraitre un peu caporal sur les bords. Je m’en fiche, je suis foutue, ma cote de popularité à la maison a chuté de 90%. Ma fille me dessine en ce moment, avec les sourcils froncés, une  bouche comme Le Requin, le méchant dans James Bond. Un milliard de dents carnassières. Je fais toujours un « ouh » de surprise, quand elle me montre mes portraits. Je dis « mais c’est qui ça ? » « Bah, c’est toi maman ! »

                                  


Ceci n’est pas le bonheur. Dire qu’avant, elle me dessinait avec des belles robes flamencos, des talons hauts, toujours du rouge sur la bouche et sur les ongles,  parfois les seins qui sortaient du décolleté, mais c’était un genre. J’étais belle. Heureusement, un petit sourire de mon George ou un bisou bien claqué d’un des deux autres, une rivière de diamants de mon mari, et je me rapproche doucement de ce concept que sont le bonheur, la satiété, le contentement. Le bonheur, ça peut être simple comme une bonne nuit dans son lit douillet. 
Avec une rivière de diamant.
Y’en a bien qui dorment avec du Chanel N°5 !


Merci à Miss Rivers pour les illustrations de cette semaine. Et of course à Rosie.




3 commentaires:

  1. deux illustratrices d'un seul coup !! Bravo !

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  2. J'avais aucune idee. Je ferais le biberon ce soir, eh cherie... Px

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  3. Tu savais pas que je pensais a la torture comme solution? Désolée, je ne peux pas m'en vanter non plus!

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