mardi 15 mai 2012

Hello, Goodbye

--> You say goodbye, I say hello ! Hello hello…
C’est la fin d’une ère, la Londonienne difficile comme je l’appelle. La rebelle, la coriace, la fougueuse. La salope.
Ce fut une période d’apprentissage et dans mon souvenir, également une longue complainte teintée d’éclaircies sociales, de rencontre des autres et de soi. Ça me fait parler comme un coach de vie ces histoires.
Catherine Ringer le chantait dansles années 80 « Les histoires d’amour finissent mal …en général ». La mienne n’y a pas échappé, à force de tirer sur la corde, elle a cédé. Mon mec et moi avons pris des chemins opposés et une pause Kit Kat s’imposait. C’est triste mais ça forge le caractère.

À cette époque, j’étais pas fraîche mais l’Angleterre m’a attrapée  par le calbute et m’a regardée droit en face pour me dire : « toi, ma cocotte, tu vas te bouger le cul vite fait, bien fait. C’est ici que ça se passe, alors gogo go, pull yourself together ! ». Moi, à moitié inconsciente de chagrin et de désespoir, comme Juliette sans son Roméo ou Belle sans son Clochard, j’ai mis du temps à comprendre le message. Mais, jour après jour, je me suis reconstruite, et j’ai volé de mes propres ailes comme une jolie colombe. Je suis enfin devenue Anglaise, sans les dents en avant. Plus besoin de béquille, ou de punching-ball pour me délester de mes frustrations. Je me suis accordée un trimestre pour cuver ma défaite, et boire à  la santé de tous mes échecs. Pleurer dans les chaumières, et ressasser tout depuis le début. Où avais-je merdé ?
Hélas, je n’ai eu que très peu de temps pour m’apitoyer sur mon sort. J’avais deux bambins dans les pattes et eux, ils s’en foutaient de mon petit cœur. Ils avaient faim, ils avaient soif, ils étaient féroces et sans reproche. Tels des oisillons dans leur nid, ils criaient famine et à l’aide, occupe toi de nous ! Ils étaient unis,  solidaires et impitoyables, à me secouer pour que je me réveille de ce cauchemar. Acculée, je n’avais plus qu’une option, me battre. Sein à l’air et arbalète dans le dos, telle une amazone j’ai vaincu la déprime en achetant le livre de recettes de Jamie Oliver. Jamie, je devrais te remercier et me serrer dans tes bras huile d’olive et citron, car c’est toi qui m’a tendu la main graisseuse et sauvé de la sinistrose.
Ils avaient faim les morveux ? Je leur ai fait du sur mesure aux petits oignons. Ils avaient soif, je leur ai fait de la limonade aux citrons de Séville, je pouvais tout faire à cette époque, j’avais le don des dieux de la gastronomie. Depuis, ils m’ont quitté pour sauver d’autres humains dans la panade. Mais rien ne me faisait peur, tout était possible, c’était la Tour d’Argent tous les jours, et ces deux gredins étaient insatiables.
J’ai aussi mis le pied à l’étrier du bricolage. DIY (Do It Yourself) ? Oui, je pouvais construire des étagères, creuser  un trou dans le jardin pour planter un arbre, pas de problème. Couper les haies ? Tondre le gazon… J’étais l’homme-orchestre et je n’avais besoin de personne et surtout pas d’un homme encore moins de Pip. Sorry my dear. La vie pouvait continuer sans lui. Pour moi en tout cas, les enfants le voyaient tous les deux jours, à la porte, que je prenais soin d’ouvrir en restant cachée derrière, pour éviter toute collision latérale. Imaginez Tom Cruise et Jamie Foxxxxx dans un taxi. Espace confiné. Au secours.Tom prend Jamie en otage. Nous, spectateurs, sentons la sueur, pas la nôtre non, mais celle de Jamie, celle de la peur, celle de « Comment je faispour me sortir de là ?? Fuck ! », celle de l’oppression. À partqu’on nétait pas dans un taxi, c’est un peu ça que je ressentais quand Pip venait chercher les enfants et qu’il frappait à la porte. La sueur !
Je ne me reconnaissais plus, mais je savais au fond de moi, que cette métamorphose était nécessaire pour oublier. De toute façon c’était ça ou la boisson. Oui, je regardais souvent à des heures incongrues, la bouteille de Martini. Je pensais d’abord glamour avec James Bond et son Martini on the rocks et puis très vite j’avais soif et je me disais que moi aussi j’en boirais bien un. Mais il n’était que dix heures du mat et un café ferait l’affaire. Ou un Nespresso si vous voyez ce que je veux dire. 

Cette période a duré un an. Jour pour jour. Pas d’avoir envie d’un petit verre, mais de me sentir perdue. Et puis, Septembre est arrivé, la rentrée j’imagine, les nouveaux départs et ma vie a pris une autre tournure. Les choses sont devenues plus légères et la vie plus rose. Le bonheur avait-il frappé à ma porte ? Again ?






mardi 8 mai 2012

Let it Be

 Pourquoi ne pas faire une étude à la loupe des habitudes de mes chers Rosbifs ?
Je peux très bien être anthropologue pour la journée. Je crois franchement qu’après six années passées dans ce pays, ce diplôme devrait m’être accordé. Ça ou la nationalité. Enfin, moi, j’aime bien être française. Parce que, plaignez-vous les gars, d’être français et de votre pays qui tombe en décrépitude; mais moi, ce passeport m’a toujours porté chance à  l’étranger. Qu’ils soient américains ou anglais, ils adooooorent mon accent, comment je m’habille et même ma façon de penser. Pour eux, je suis élégante, libre et moderne. So french ! Et on ne rigole pas. Avant, je n’avais pas conscience de ces atouts. C’est devenu, tout doucement, un avantage d’être française. Mes défauts se sont transformés en qualités. Si ça, c’est pas super ! J’étais parfois bougonne et impulsive, parfois trop directe avec certaines personnes. Même moi ça m’énervait. Et bien non, eux, ils aimaient bien.
Ça n’a pas toujours été le cas. Au début, on me regardait un peu de travers. Ils étaient  choqués qu’on puisse dire franchement ce qu’on pense, sans humour, dérision ou gêne.  Avec le temps, ils ont compris comment je fonctionnais et ne s’offusquaient plus. J’ai même parfois ressenti une pointe d’envie. Comme si pour eux, c’était juste impossible. On ne leur avait pas appris.
Beh oui, les Anglais sont diplomates, archis polis, ils tergiversent beaucoup et surtout s’excusent en permanence : oups I’m sorry. Même quand c’est pas de leur faute.
Mon mari et moi avons eu l’occasion plus d’une fois de confronter nos différences culturelles. Je regrette qu’on ne m’ait pas donné un petit guide, un feuillet aurait fait l’affaire, sur comment comprendre les Anglais. Décrypter leur Non, reconnaître un OUI. C’est un peuple complexe vous savez, ils trouvent très difficile de dire les choses comme elles sont. Prenons l’exemple d’une journée shopping avec son mari. Prenons mon mari. Il essaie une fringue dans une cabine d’essayage, en ressort gêné et penaud, proche du malaise (rien que ça je ne comprend pas, j’aimerais que ce soit dans le guide aussi!).
Une Anglaise dirait à mon mari : « Oh yes, c’est bien ça ! J’aime les petites finitions en rouges, c’est chic ».  Moi, j’ai dit : « Ah ça va pas être possible Darling, les décorations rouges, là, t’as l’air d’un sapin de Noël, essaie donc autre chose. Le bleu te va mieux en général, ça fait ressortir tes beaux yeux que j’aime tant ».
Voilà, c’est net, précis, sans chichis. Direct quoi. Pas méchant. Ni gentil. C’est : on essaie des fringues depuis trois heures, j’ai faim et t’arrives pas à te décider, j’en ai marre !!
Alors, en Angleterre, ma méthode ne marche pas du tout. C’est comme un choc, ou une baffe en pleine gueule.  C’est agressif et belliqueux.
C’était le même souci pour aller au cinéma ou faire les courses. Si j’ai pas envie de faire quelque chose, je dis : non. Si j’avais eu ce maudit guide, j’aurais compris que parfois, pour exprimer un non, il faut dire un oui.
   Situation typique : 
-    Veux-tu aller voir Fast and Furious IV ce soir au cinéma ? 
-    Oui, pourquoi pas, mais j’avais vraiment envie d’aller voir Jane Eyre (ou Crimes et châtiments ou Barry Lindon, choisissez un film aux antipodes) plutôt. Pas toi ? 

Après ce grand moment de diplomatie, il faut  croiser les doigts et prier pour que l’individu saisisse la perche, sinon, mes chers amis, vous êtes obligés d’aller voir les voitures de courses et Vin Diesel. Ok, y’a aussi le blond aux yeux bleus que ça me dérangerait pas qu'il me pourchasse, mais c’est les voitures, mon problème.
Et moi, je dis qu’un non bien franc, évite souvent les emmerdes et en terme financier, ça peut faire faire des économies. 
Cependant, il y avait une urgence avec la belle famille. J’ai dû tempérer plus rapidement avec eux, dans l’espoir d’avoir quand même des gens qui m’aiment et pas toujours me sentir  seule.
Si on récapitule tout, mon anglais était à revoir, mon accent à couper aux couteaux et mes aptitudes sociales à étudier en profondeur. 

Grâce à tout ce savoir aujourd’hui, je ne relève plus chaque réflexion faite sur les Français qui sentent le camembert ou mauvais tout court. Je n’ai plus de territoire à défendre. Je suis entre deux pays, je n’appartiens à aucun. Et je sens bon.

Non, vraiment Vive l’Angleterre !











mardi 1 mai 2012

With a Little Help from My Friends

 
Retour à  London city, tout le monde descend.

Malgré la grisaille londonienne, j’étais encore en after honeymoon. J’avais décidé que je voulais perdurer l’insouciance, le fun,  la rigolade, le tordage de boyaux, le mal aux zygomatiques. Mais pour cela il me fallait une copine. J’avais besoin de papoter pour rien dire, besoin de légèreté, de parler de vernis à ongles et des news de Voici, de coupes de cheveux et du mec assis à la table de derrière qui n’arrête pas de nous, me, mater. J’étais une pouffe comme les autres et j’avais des besoins. Marre de régler des problèmes ou de faire des efforts. Le fils et le mari me parlaient football ou Elfishe, il y avait donc urgence à aller voir ailleurs et faire des rencontres.
Le pire, c’est que j’en avais des copines. Il y a eu Jule, l’Allemande, hyper cool. La  bio dans toute sa splendeur qui recycle tout ce qui bouge, avec ses pulls tricotés maison et ses chaussettes dans ses sandales. Clic clac ! On bossait ensemble et au bout d’un an, elle est partie avec son mec, vivre en Nouvelle-Zélande. Merci. On pouvait pas faire plus loin. Difficile d’aller la voir, c’était pas l’envie qui me manquait mais l’argent et le temps. Ensuite, il y a eu Nathalie, ah Nathalie… c’était ma copine de pub. Une pinte, une clope. Célibataire et toujours prête à faire la fête. Présentée par ma copine parisienne, c’était une globe-trotteuse. Elle débarquait de dix ans en Amérique et, comme moi, parlait le Jean-Claude Van Damme à merveille. On s’comprenait. Ça faisait du bien qu’elle vienne à la maison, et qu’on rigole en français. C’est dommage… Nathalie… le Brésil lui a tendu les bras pour un boulot et elle m’a laissée tomber comme une vieille chaussette. C’est sûr, moi, à coté d’un beau brésilien musclé, bronzé, sur un char à Rio, je n’ai pas fait le poids.
Plus tard, il y a eu Souad, rencontrée grâce à une amie commune et partie pour New York à peine avais-je commencé à lui raconter ma vie... J’y ai pensé, mais non. Rien à voir avec moi, si elles partaient toutes. Je suis, moi-même, une bonne amie. En tout cas, je m’applique.
Bon, passons à Sara, l’italienne qui vient juste de partir pour Ramsgate. C’était ma copine de cinoche et en plus nos enfants s’entendaient bien. Ramsgate… c’est la plus proche de toutes en fait. Une heure de Londres.
Peut-être que Londres n’est qu’un tremplin pour aller plus loin. Puré ! Ça fait six ans que je suis là, je plie les jambes, je tends les bras, mais je rebondis toujours au même endroit : Londres.
Toutes ces filles étaient et sont extras, elles aiment le voyage c’est sûr, elles auraient même bien besoin de se sédentariser, mais j’en ai des potes. Sans compter, celles depuis toujours, qui sont en France. Elles sont juste toutes, sans exception, loin. Oui, j’ai des copines, des vraies, des bonnes, des qui sont là quand ça va pas, des qui sont drôles, des intéressantes, pas toutes, des qui te donnent la patate, des qui en fait sont des copains, des qui ont aussi des problèmes, des jolies, des moins jolies, des qui pourraient faire un effort... Enfin des myriades. Faut juste être patiente pour les voir et surtout pas les rater quand elles viennent.
Mais pourquoi j’avais aucune Anglaise dans ma liste ? C’aurait été bien pratique pourtant. J’avais ma Cathy-Catoche, mais c’était aussi la sœur de mon mec, donc pas toujours évident.
Ça demandait réflexion ça… qu’est-ce que j’avais contre les Anglaises ?
Faisons un point. On savait déjà que je trouvais les hommes difficiles à cerner ; les femmes me paraissaient, elles, inaccessibles. Tous sexes confondus, ils me paraissaient tous pervertis par la politesse et la diplomatie, ils ne me regardaient jamais dans les yeux, verts et mystérieux pour ma part, et ne se touchaient jamais. Pas de main sur l’épaule amicale, ni sur la cuisse pour expliquer un point important et jamais de coco sur la tête pour rigoler. Je n’étais, par ailleurs, pas assez entreprenante, j’attendais qu’on m’approche, qu’on m’invite.
J’attendais...
Ils exécraient l’impromptu et l’inattendu, mais vénéraient le rendez-vous, qui ne va jamais sans son agenda, que je me suis procuré depuis, cela va sans dire. Ils n’étaient pas soirée à la maison. Ils étaient pub et binge drinking. Je n’étais pas contre, mais mon grand corps n’aimait plus les lendemains de binge et mes tremblements aux mains non plus. J’arrêtais tout ou j’allais chez les AA.
Mais moi, Marie, je ne me suis pas découragée, et à cause du football et des gens qui parlent Elfish, un jour, je me suis dis : allez zut, « essayons » ces Anglaises. J’aimais bien comment elles s’habillaient, elles avaient l’air décomplexées, libérées. Ça faisait envie. Elles aimaient le mini, les couleurs et  le bout de gras qui dépassait de la chemise. Pour faire couleur locale, je m’y suis mise.
Sachez que même si ce n’est pas vrai ou même si vous ne l’êtes pas, nous les Françaises avons la réputation d’être mince. C’est comme ça. Ne le niez pas, mais glissez vous, comme moi, dans la peau de cette Française. Si on me disait que j’étais mince comme un roseau, je disais bien sûr. La réalité était tout autre et comme je ne suis pas un petit rat de l’opéra, j’ai hérité des petits bourrelets, rapport à la bière et les chips au vinaigre. Hey, je m’adaptais !

Alors, voilà où j’en suis aujourd’hui, je fais le bilan: il ne faut pas se vexer, il n’y a rien de personnel, c’est dans leur culture. J’ai mis du temps mais j’ai réussi, je les aime mes Anglais et mes Anglaises. Je vous aime Jessica, Kate, Rachel, Alice, Alex, Sarah, Carole, Sonia, Jane etc.… vous  m’intriguez, je ne vous comprends pas toujours, mais vous valez le détour. Je vous ai bien eu en tombant enceinte.  Vous avez adoré ! J’ai dû me tourner vers une autre catégorie de filles. Mais pourquoi pas, si on parle pas que de couches culottes et de vomi.