mardi 17 avril 2012

A Hard Day's Night

 
Les lendemains difficiles, parlons-en.

Nous voilà de retour, chez nous. Londres again. J’étais une nouvelle femme, je crois, transformée par le mariage, déjà.
Oscar avait l’air d’aller aussi. Les mariages, il s’en foutait, son truc c’était le foot. Il s’était rendu compte que pour se faire des copains et avoir des choses à dire aux adultes, le football était la clef. Si tu vis en Angleterre, tu dois supporter une équipe de foot. Question de survie. Je n’avais pas encore choisi la mienne, d’où mes soucis. C’était pourtant pas faute d’en entendre parler quasi tous les jours. Le choix d’Oscar s’était imposé de lui-même : Arsenal.
Petite précision : je n’ai jamais été une fan de sport en général, mais le foot en particulier, c’était pas question. J’ai fait beaucoup de sport dans ma jeunesse et j’aimerais que ça reste un bon souvenir. J’avais grandi avec une mauvaise image de ce sport.  En Angleterre,  j’avoue que c’était différent, le foot était  fédérateur : hommes, femmes, enfants, tout le monde s’y connaissait un peu, il y avait toujours un moment, où le sujet était mis sur le tapis. Et là, souvent, je m’emmerdais.

Oscar me saoulait d’informations footballistiques, j’en savais plus que je ne l’aurais voulu. Mais c’était là où le mariage m’avait vraiment changé : j’ai cédé. Il fallait aussi que je redore mon blason de meilleure maman du monde car Oscar m’accusait de maltraitantes émotionnelles. J’ai donc pris mon air intéressé que je réserve normalement aux personnes âgées.
Baisser les armes à ce moment fatidique, a vraiment été un vrai tournant dans ma carrière anglaise et depuis le foot m’a permis une ou deux fois de briller en société. Française, j’entends. Et ça, Julie, tu me diras ce que tu veux, mais c’est pas de la gnognotte. Une femme en France qui parle de foot, ça en jette. Il faut bien sûr, avoir un port de tête à la hauteur de la conversation, avoir l’air cultivé, informé, sans tabou ; être une personne qui peut parler et de foot, et du commerce illégal de diamants en Afrique et de la sexualité dans le couple-  ou l’art de séduire. Et oui, j’avais un avis sur tout.

Mais, plus important que le foot, je ne ratais pas une occasion de parler de la lune de miel que je nous concoctais. J’ai déjà mentionné que je voyageais souvent les yeux ouverts ; là, mes amis, je m’en suis donnée à cœur joie. A m’en faire vomir ! Presque à ne plus avoir envie de partir tellement j'avais l’impression d’y être allé mille fois. Dommage, mon boulot m’obligeait à redescendre sur terre, et à abandonner mes surfeurs Hawaïens. Je stressais, ne dormais pas la nuit à cause d’un dossier en cours ou parce que mon patron avait oublié toutes ses cartes de crédit, qu’on était samedi, qu’il était à New York et  qu’il les voulait pour demain dimanche, sinon il pouvait pas faire ses courses sur la 5ième avenue. Ça me mettait dans des états pas possibles et de retour à la maison, je me transformais en dragon. Tout ce que je ne pouvais pas dire à mon patron sans me faire virer, et bien, je le jetai sous forme de boules de feu à mon mari.

Alors, je précise que se disputer en Franglais, est très difficile. Il faut manier les deux langues d’une main de maître, être capable de jongler de l’une à l’autre sans hésiter. Être un Jedi, rapide et calme à la fois. Oscar pense que c’est une religion. Il y a le bouddhisme et le jedi.  Hélas, avec moi, ça partait dans tous les sens. J’avais inventé une troisième langue, que personne, à part moi, ne parlait. Depuis Le Seigneur des Anneaux, Oscar et Pip avaient la chance de pouvoir parler le Elfiche. Ils me disaient que c’était pas pour les filles, et je répondais « et Arwen c’est du poulet ? ». Tant pis pour eux s’ils voulaient pas m’apprendre l'Elfiche, des rugissements sortaient de ma bouche, des sons gutturaux incontrôlables. Je n’arrivai pas à faire dans la bonne engueulade qui fait du bien par où ça passe. Non. En plus, mon mari parlait le français avec un léger accent allemand et la voix de Jane Birkin. Très rare et très énervant. Vicieux même, car ça me rendait dingue.  Ma colère laissait place à de la frustration et c’est à ce moment-là que je parlais le Pouah.
Meeeerrrrrrrdeuhhhhhhh faaaaaaaaaaaisssssss chiiiiiiierrrrr  pouhhhhaaaaa!!!!!
Quelle lancée de flammes, quel bafouillage ! 

Ça me rappelle d’ailleurs, une autre fois, où je suis rentrée dans une agence de recrutement, histoire de me trouver un boulot. Des fois, j’avais envie de travailler. Comme ce jour-là. J’étais bien habillée, bien coiffée, un peu Cindy Crawford sur les bords - là, je fais un double-take et je vous dis : ben quoi ? Et je sentais bon, aussi. J’ai marché trois kilomètres pour y aller. Il faisait beau et j’avais l’impression d’avoir la baraka. CV à la main, démarche assurée (Cindy), j’avais un but, un seul : me dégotter un boulot dans la journée. J’arrivai donc, dans cette agence, dirons nous… locale (Fame Recruitment, ça sentait bon le succès). Je suis rentrée… des gens étaient déjà en réunion à une table. Ça manquait un peu d’intimité, ça m’a déstabilisé direct. La Cindy en moi n’a pas aimé. J’ai foncé sans réfléchir sur la première personne que j’ai vu, pour avoir l’air de contrôler la situation genre working girl qui n’a besoin de rien, même pas d’un boulot, et je lui ai dit : « Hello, I was wondering if you had any adminkasodshfi  and secrepoaioasjf  jobs ? »
La dame m’a regardé comme si j’avais du sang qui sortait de mes yeux et m’a dit : «  Vous avez le droit de travailler en Angleterre ? »
Ça commençait mal ce rendez-vous. Ça faisait six ans que je vivais ici, oui, j’avais tous les droits et j’avais aussi mon CV avec moi. Je pouvais lui laisser si elle voulait bien. Elle m’a répondu que non, ils ne procédaient pas de cette manière ici, que je devais l’envoyer par e mail. Même si j’étais juste en face d’elle ? Oui.
Elle faisait tout pour que je comprenne que c’était pas la peine d’insister, que je pouvais repartir sur mes podiums. Goodbye Cindy.
Slow motion, revenons sur ce qui s’est réellement passé avec cette dame. Une fois la mèche de cheveux balayée négligemment, j’ai bafouillé ! Voilà tout. Ça arrive non ? D’accord, j’ai buté sur les deux seuls mots qu’il fallait pas : secrétaire et administration. C’est con, j’avais eu mes trois kilomètres pour me préparer et répéter mon speech dans ma tête. Mais non, j’étais bien trop occupée à me prendre pour Cindy. Merde, merde et re-merde. Pourquoi?

C’était un peu comme ça tous les jours en fait. Que ce soit toute seule de mon côté ou avec mon mec, il fallait se rendre à l’évidence, mon anglais et ma prestance étaient à travailler.
Halala, heureusement qu’à cette période là, comme je disais, j’avais la lune de miel pour m’évader un peu.
L’aventure Mexicaine, sous le soleil de Mexico, MEXICO… MEXIIII…….COOOO 









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