Les lendemains difficiles,
parlons-en.
Nous
voilà de retour, chez nous. Londres again. J’étais une nouvelle femme, je crois, transformée par le mariage,
déjà.
Oscar
avait l’air d’aller aussi. Les mariages, il s’en foutait, son truc c’était le
foot. Il s’était rendu compte que pour se faire des copains et avoir des choses
à dire aux adultes, le football était la clef. Si tu vis en Angleterre, tu dois
supporter une équipe de foot. Question de survie. Je n’avais pas encore choisi
la mienne, d’où mes soucis. C’était pourtant pas faute d’en entendre parler
quasi tous les jours. Le choix d’Oscar s’était imposé de lui-même :
Arsenal.
Petite
précision : je n’ai jamais été une fan de sport en général, mais le foot
en particulier, c’était pas question. J’ai fait beaucoup de sport dans ma
jeunesse et j’aimerais que ça reste un bon souvenir. J’avais grandi avec une
mauvaise image de ce sport. En
Angleterre, j’avoue que c’était différent,
le foot était fédérateur :
hommes, femmes, enfants, tout le monde s’y connaissait un peu, il y avait
toujours un moment, où le sujet était mis sur le tapis. Et là, souvent, je
m’emmerdais.
Oscar
me saoulait d’informations footballistiques, j’en savais plus que je ne
l’aurais voulu. Mais c’était là où le mariage m’avait vraiment changé :
j’ai cédé. Il fallait aussi que je redore mon blason de meilleure maman du
monde car Oscar m’accusait de maltraitantes émotionnelles. J’ai donc pris mon
air intéressé que je réserve normalement aux personnes âgées.
Baisser
les armes à ce moment fatidique, a vraiment été un vrai tournant dans ma
carrière anglaise et depuis le foot m’a permis une ou deux fois de briller en
société. Française, j’entends. Et ça, Julie, tu me diras ce que tu veux, mais
c’est pas de la gnognotte. Une femme en France qui parle de foot, ça en jette.
Il faut bien sûr, avoir un port de tête à la hauteur de la conversation,
avoir l’air cultivé, informé, sans tabou ; être une personne qui peut
parler et de foot, et du commerce illégal de diamants en Afrique et de la sexualité dans le couple- ou l’art de séduire. Et oui, j’avais
un avis sur tout.
Mais,
plus important que le foot, je ne ratais pas une occasion de
parler de la lune de miel que je nous concoctais. J’ai déjà mentionné que je
voyageais souvent les yeux ouverts ; là, mes amis, je m’en suis donnée à
cœur joie. A m’en faire vomir ! Presque à ne plus avoir envie de partir tellement j'avais l’impression d’y être allé mille fois. Dommage,
mon boulot m’obligeait à redescendre sur terre, et à abandonner mes surfeurs Hawaïens. Je stressais, ne dormais pas la nuit à cause d’un dossier en cours
ou parce que mon patron avait oublié toutes ses cartes de crédit, qu’on était
samedi, qu’il était à New York et
qu’il les voulait pour demain dimanche, sinon il pouvait pas faire ses
courses sur la 5ième avenue. Ça me mettait dans des états pas possibles et de
retour à la maison, je me transformais en dragon. Tout ce que je ne pouvais pas
dire à mon patron sans me faire virer, et bien, je le jetai sous forme de boules
de feu à mon mari.
Alors,
je précise que se disputer en Franglais, est très difficile. Il faut manier les
deux langues d’une main de maître, être capable de jongler de l’une à l’autre
sans hésiter. Être un Jedi, rapide
et calme à la fois. Oscar pense que c’est une religion. Il y a le bouddhisme et
le jedi. Hélas, avec moi, ça partait dans tous les sens. J’avais
inventé une troisième langue, que personne, à part moi, ne parlait. Depuis
Le Seigneur des Anneaux, Oscar et
Pip avaient la chance de pouvoir parler le Elfiche. Ils me disaient que c’était pas pour les filles, et je
répondais « et Arwen c’est du poulet ? ». Tant pis pour eux
s’ils voulaient pas m’apprendre l'Elfiche, des rugissements sortaient de ma
bouche, des sons gutturaux incontrôlables. Je n’arrivai pas à faire dans la
bonne engueulade qui fait du bien par où ça passe. Non. En plus, mon mari
parlait le français avec un léger accent allemand et la voix de Jane Birkin.
Très rare et très énervant. Vicieux même, car ça me rendait dingue. Ma colère laissait place à de la
frustration et c’est à ce moment-là que je parlais le Pouah.
Meeeerrrrrrrdeuhhhhhhh
faaaaaaaaaaaisssssss chiiiiiiierrrrr pouhhhhaaaaa!!!!!
Quelle
lancée de flammes, quel bafouillage !
Ça
me rappelle d’ailleurs, une autre fois, où je suis rentrée dans une agence de
recrutement, histoire de me trouver un boulot. Des fois, j’avais envie de
travailler. Comme ce jour-là. J’étais bien habillée, bien coiffée, un peu Cindy
Crawford sur les bords - là, je fais un double-take et je vous dis : ben quoi ? Et je sentais bon, aussi. J’ai marché trois
kilomètres pour y aller. Il faisait beau et j’avais l’impression d’avoir la
baraka. CV à la main, démarche assurée (Cindy), j’avais un but, un seul :
me dégotter un boulot dans la journée. J’arrivai donc, dans cette agence,
dirons nous… locale (Fame Recruitment,
ça sentait bon le succès). Je suis rentrée… des gens étaient déjà en réunion à
une table. Ça manquait un peu d’intimité, ça m’a déstabilisé direct. La Cindy
en moi n’a pas aimé. J’ai foncé sans réfléchir sur la première personne que
j’ai vu, pour avoir l’air de contrôler la situation genre working girl qui n’a besoin de rien, même pas d’un boulot, et je lui
ai dit : « Hello, I was wondering if you had any adminkasodshfi
and secrepoaioasjf jobs ? »
La
dame m’a regardé comme si j’avais du sang qui sortait de mes yeux et m’a
dit : « Vous avez le droit de travailler en Angleterre ? »
Ça
commençait mal ce rendez-vous. Ça faisait six ans que je vivais ici, oui,
j’avais tous les droits et j’avais aussi mon CV avec moi. Je pouvais lui
laisser si elle voulait bien. Elle m’a répondu que non, ils ne procédaient pas
de cette manière ici, que je devais l’envoyer par e mail. Même si j’étais juste
en face d’elle ? Oui.
Elle
faisait tout pour que je comprenne que c’était pas la peine d’insister, que je
pouvais repartir sur mes podiums. Goodbye Cindy.
Slow
motion, revenons sur ce qui s’est réellement passé avec cette dame. Une fois la
mèche de cheveux balayée négligemment, j’ai bafouillé ! Voilà tout. Ça
arrive non ? D’accord, j’ai buté sur les deux seuls mots qu’il fallait
pas : secrétaire et administration. C’est con, j’avais eu mes trois kilomètres pour me
préparer et répéter mon speech dans ma tête. Mais non, j’étais bien trop
occupée à me prendre pour Cindy. Merde, merde et re-merde. Pourquoi?
C’était un peu comme ça tous les jours en fait. Que ce soit toute seule de mon côté ou avec mon mec, il fallait se rendre à l’évidence, mon anglais et ma prestance étaient à travailler.
Halala,
heureusement qu’à cette période là, comme je disais, j’avais la lune de miel
pour m’évader un peu.
L’aventure Mexicaine, sous le
soleil de Mexico, MEXICO… MEXIIII…….COOOO
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