mardi 20 mars 2012

Ob-La-Di, Ob-La-Da !

 Je suis une Londonienne, Française, Ob-La-Di,  Ob-La-Da !

C’était pas parce que j’écoutais les Beatles à fond dans mon nouvel appart que j’étais une des leurs. Nous sommes toujours au début de mon aventure d’outre-Manche et j’étais toujours en quête de travail, d’amis et de traditions anglaises. Oui, je voulais faire comme eux, aller prendre mon sunday roast au pub du coin, lire le Times dans le tube et boire du thé que du thé, toutes les cinq minutes. 

Mon premier job m’a mise sur la bonne voie. Je bossais dans un magasin de jouets (les enfants, c’était mon rayon). Je me suis familiarisée avec le thé lors de nos pauses très fréquentes ; on a besoin de thé pour fonctionner normalement en Angleterre. J’ai  donc appris qu’il fallait verser le lait avant le thé. « Comme la Reine » qu’il disait, Simon, le chef de la boutique. A l’époque, j’étais plutôt café mais bon, y’avait que du thé alors je me suis pliée aux habitudes et puis ça faisait toujours un break. Aujourd’hui je suis accro au thé avec un nuage de lait, sans sucre, merci.
Mon père dit que ça fait pousser les dents de devant, qu’il faut que je fasse attention.

C’est grâce à ma belle-famille bien-aimée que je suis devenue experte en thé. Quoique, je n’arriverai jamais à la cheville de ma belle-mère, Linda. Oh my God ! Chez eux, c’était tous les jours à 17h00 (17h10 et on était en retard et de mauvaise humeur). On faisait chauffer l’eau, il fallait souvent être deux pour faire ça, on versait l’eau bouillante dans la théière puis on  la jetait dans l’évier. C’était un coup pour rien ? Non. C’était pour réchauffer la théière. Une fois le thé infusé, Earl Grey à la bergamote, mélangé à du Assam (beurk), on lui mettait sa robe de chambre, à la théière, pour que vraiment, ça refroidisse pas. C’était crucial, c’est même le secret d’un excellent thé,  NE PAS RE-FROI-DIR ! Mon chéri remarqua vite mon regard amusé d’étrangère et prit conscience du "drôlesque" de cette cérémonie.
Au bout d’une heure affairée dans la cuisine, Linda, fière comme une baronne, débarquait enfin avec son plateau dans le salon de la maison cossue, avec petites assiettes, biscuits, gâteaux, tasses et soucoupes. So british. Nous, on trépignait d’impatience, on avait soif depuis quarante-cinq minutes, on voulait notre goûter. Mais c’était sans compter l’épreuve finale du lait : 
- En veux-tu ? Tu aimes ton thé clair ? Foncé ? 
- ...  
- Oups sorry il est trop clair !
- Non, c’est très bien comme ça.
- Si si, je t’en rajoute.
- Non...
- Si.
- Non, ça va.
- Si.
- ... Okay.

Cela fait six ans que je bois mon thé comme elle le préfère. Pour aller plus vite. Parce que moi ce que j’aime, ce sont les biscuits de chez Marks & Spencer, pour tremper dans ma tasse. Ça m’a d’ailleurs valu des gros yeux et de longues explications les premières fois que j’ai fait trempette, car ici ça ne se fait pas. C’est malpoli. C’est même vulgaire. Moi, vulgaire, c’est le monde à l’envers ! Du coup au début, j’ai été gênée de les gêner et maintenant je fais exprès, pour les choquer un peu. Rebelle ! Et puis c’est tellement bon. Ils sont convaincus que c’est une habitude très française, ça passe mieux.


Je retiens donc de tout ça, que le thé de dix-sept  heures a lieu à dix-sept heures pétantes et est une vraie cérémonie, où l’on apprend la patience mais aussi à être ensemble. Et ça, c’est une tradition qui me plaît.

Tea for two and two for tea!











4 commentaires:

  1. c'est en faisant "trempette" dans ma chicorée ce matin que je me suis souvenue du "Tea time" de mardi.
    merci Marie de porter haut les couleurs de la France et ses traditions bien franchouaillarde! oui, la trempette est une tradition qui se transmet de génération en génération de la capitale aux plus profondes campagnes. je transmettrais solennellement à mon petit qui pousse dans mon ventre cette fière pratique dès qu'il sera en âge de maîtriser son environnement alimentaire! ne lâche rien surtout, tu risques de perdre ton âme... ;-)

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  2. bon, j'ai pas relu avant de poster et donc... il y a des fautes. Mais, ça aussi c'est une tradition française, enfin, ça tend à le devenir. Bonne trempette outre manche, pour Marie et à Paris, pour Julie!

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  3. Maintenant que tu le dis, c'est vrai que je fais plus trempette. A cause d'eux. Quelle tristesse. Je dois me ressaisir. Je vais de ce pas me faire un thé, c'est pas l'heure mais je fais ce que je veux, et tremper mes speculos… merde alors.

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