mardi 30 avril 2013

Ce n'est qu'un aurevoir, my friend


Mes chers lecteurs qui me suivez depuis le début, j’ai un aveu à vous faire : je vous laisse tomber mollement. Ah oui, c’est pas la classe, je vous fais une infidélité et ce, jusqu'à septembre. Je fais partie des gens qui calculent un peu les tenants et les aboutissants, ceux qui achètent du temps pour jouir des derniers instants d’une expérience merveilleuse. Je vous rassure, je n’ai pas rencontré un autre public, anglais par exemple. Non, je bosse juste sur un autre projet qui me prend beaucoup de temps. Mon cerveau étant en mi course de vie, il ne peut plus faire deux choses à la fois. 
Je parle des Anglais car ils auraient pu être mon deuxième public. Ma quotte de popularité remontant à grand coup de cravaches sur leur popotin. Il faudrait juste qu’ils sachent lire le français. Ils sont feignants, désolée, c’est un peu direct mais un peu vrai aussi. Ils savent que le monde entier parle leur langue alors pourquoi s’emmerder à apprendre une autre ? C’est beaucoup plus simple de balancer d’entrée de jeu une phrase en anglais un peu fermement pour que l’adversaire ne puisse faire autrement que se sentir con de ne pas parler mieux leur langue.  L’attaque est la meilleure défense. Et c’est bien dommage parce qu’ils en ratent des beaux moments de littérature, de belles choses comme mon blog. Tous mes amis anglais passent à côté d'une majeur partie de ma vie car ils sont incapables de me lire. Et c’est généralement quand on parle de mon blog qu’ils ont un moment de lucidité sur les langues et le reste du  monde. Si j’ai pas entendu mille fois 
« Ah oui, il faut que je me mette au français, c’est trop con, nous sommes trop cons…. » je suis la meilleures copine de la Duchesse de Cornouailles après Pipa.

Bref, assez de critiquer ces gens, somme toute très sympas, revenons à mon projet dont je ne veux pas trop parler mais dont je peux vous dire que si je fais attention et que je bosse dur, vous ne serez pas déçus.

Voilà, ma vie d’écrivaine bloggeuse continue sans vous mes bibis, pour le moment, mais je vous promets à très vite. Ne m’oubliez pas ! Interdit de m’oublier; je reviendrai hanter vos nuits avec mes histoires de diarrhée, d’enfants qui me martyrisent et de mari qui parle français avec un accent allemand. Oui, je serai là, derrière votre porte le matin quand vous irez au travail. Pour ceux qui ne bosse pas, et il y en a un paquet, je serai à côté de votre machine à café, je serai votre premier bonjour de la matinée. Comme la fée clochette, je resterai assise sur votre épaule toute la journée à vous parler subliminalement de mon retour en septembre.
Voilà, vous me manquez déjà…allez hop ! au travail.

mardi 23 avril 2013

Quelques petits secrets séductions de mon chapeau.


L’autre soir, je lisais Grazia au lit, les jambes pliées, adossée au mur, cascade de boucles blondes sur l’oreiller… - non, c’était pas moi ça - concentrée sur ma lecture. C’était un vieux magazine retrouvé sous mon lit, mais je me suis rappelée que je n’avais jamais lu les pages sur Angelina et les problèmes qu’elle a avec ses enfants. Quand soudain - non, pas soudain - quand Pip est arrivé pour se mettre au lit aussi. Hey…attendez, rien de croustillant sur mon blog hein, que des blagues ! Il m’a juste dit en ricanant, la chose la plus cool qu’on puisse me dire, je cite :
« Avec toi, je sais jamais si je vais te trouver en train de lire tes magazines à la con ou du Racine !!!!»

J’ai bien vu son regard amusé et son cœur qui faisait boum boum. Je l’avais emballé, là, comme ça sans rien faire juste en lisant Grazia. Trop cool. Est-ce un homme facile à contenter ou bien suis-je une personne complexe ? Deuxième réponse my friends.

Ça m’a fait plaisir car j’ai vu qu’il avait enfin cerné ma personnalité imprévisible, versatile, rebelle, sauvage, féline – je continue ? – surprenante, j’en passe et des meilleures. Et qu’il avait l’air d’apprécier en plus.
Ce qu’il ne sait pas c’est que parfois, il m’arrive de regarder de la trash télé aussi comme les «  Kardashians » exactement. Je cherche un programme qui serait l’antithèse… un bon Pivot à minuit si ça existe toujours chez vous ? Faut se fixer des limites. Kardashians c’est ma limite. Pas de Jersey Shore et Sookie, plus de Teen mum sur MTV, ou de jeu télé réalité. Pas de Nabilla. Pourtant c’est tellement intéressant. Ça vous rend heureux d’être là où vous êtes, on relativise après une séance de Jersey Shore. C’est une satire de la sous couche sociale, de ce que certains sont prêts à faire pour être connu, du manque de pudeur et de la non peur du ridicule. De la bêtise aussi. C’est tellement affligeant que s’en est drôle, et je regarde ces programmes comme un documentaire ou une visite au zoo par une belle après-midi ensoleillée.

Et puis, de nos jours, il faut être un peu sur tous les fronts si on veut être « in ». On doit par conséquent se documenter pour avoir l’air moins con quand votre fils de 14 ans vous parle de la « Harlem shake ». Que passa ? Qui me parle ? Je suis trop jeune pour ressembler à ma grand-mère qui disait « zup » pour 7up, la boisson ! Donc il faut que je sache toutes ces petites futilités de la vie car elles me feront rester « dedans ». Je ne veux pas être « out ».
Pour ce faire, il faut parfois lire du Voici, du Grazia et du Racine. Le secret : élargir ses horizons, son cercle social. Etre ouvert en quelque sorte, être à l’aise avec Rupert Everett quand il vous invite à diner dans un restaurant chic (bah quoi ? Oui, il m’a invité à diner, ça vous choque ?) et emmener son fils manger un hot dog pourri sur Oxford street en faisant un détour par la National Gallery juste pour voir The Execution of Lady Jane Grey de Paul Delaroche mon tableau préféré et s’acheter en vitesse devant le métro son magasine hebdomadaire : VOICI.

Faut manger bio et hot dog pourri. C’est mon secret jouvence, mon atout charme. Je ne devrais pas le divulguer mais puisqu’on est sur mon blog et que j’aime bien parler de moi, bah, je vais tout vous dire alors ! Si j’étais styliste de mode, je remettrai au goût du jour le jeté de  pull coloré sur les épaules et la banane pour tous les mecs.
Je n’ai aucun conseil marital à donner à personne mais je viens juste de découvrir que les petites faiblesses séduisent autant que les cheveux qui sentent le Timotei et que si j’étais vous, je n’hésiterai plus à dévoiler les petits secrets inavouables. Pas tous hein ! Je dis toujours à ceux qui me cherchent que  la perfection n’existe pas et en général  la conversation se meurt naturellement.

Pip m’a fait encore plus plaisir que s’il m’avait dit que j’étais resplendissante  ou que je faisais jeune sous cette belle lumière de crépuscule. Le meilleur dans son compliment c’est qu’il y a une notion d’imprévisible et j’aime bien. Pas de routine, pas de « encore ? Ça fait deux fois cette semaine (que je lis du Racine évidemment)». Non, moi, c’est au moment où on m’attend le moins que je dégaine mon magasine.
L’amour est aveugle, l’amour est éternel, l’amour c’est comme un poème. C’est de lire tous ces Voici qui m’inspire autant, quoiqu’il en soit j’ai le feu vert, je continue donc sur ma lancée à être brillante et beautiful.



Et sinon Angelina, en fait, elle gère pas bien ses gamins, ils font trop de bruit, ça lui casse les bonbons, alors elle a 8 nounous pour s’occuper d’eux, ça lui donne un peu d’air à respirer et elle peut continuer d'être belle dans sa chambre, au calme.


Celine Merrien, un seul mot, merci!




mardi 16 avril 2013

Ah…hum….ohhhhhh


Histoire de passer le cap de la quarantaine joliment, j’ai pris un rendez-vous pour un soin du visage chez Christiane l’esthéticienne. D’ailleurs, on ne dit plus l’esthéticienne mais le Spa. Une heure et demi de bien-être et d’oubli totale, voilà ce que je voulais.

C’était ma première fois dans ce spa bien que coutumière du bien-être. J’aime être bien en général. Par contre,  je change souvent de crèmerie car je n’ai pas encore trouvé mon repère de briscards. Je suis prête depuis hier soir car  ces moments d’abandon et de pomponnage ne m’arrivent pas si souvent. En gros, j’essaie de dire que je suis assez exigeante ; j’en veux pour mon temps et mon argent. Arrive Yasmina dans sa tenue blanche d’infirmière. Yasmina a une voix très douce et cristalline. Elle me demande de la suivre avec son énorme chignon échoué sur le haut de son crâne comme une crotte sur la tête d’une taupe. Ses sourcils ressemblent à  ceux de Frida Khalo, elle me fait peur. Je me rassure en me disant que Dieu merci, je n’ai pas demandé la séance maquillage et que donc Yasmina ne pourra pas faire joujou avec les couleurs comme elle a fait sur elle. Elle est orange, ses sourcils noirs ébènes tout comme ses cheveux. Ça doit être le chignon, qu’est-ce qu’elle y cache ? Ses produits de beauté ? Je n’ai jamais vu ça en 40 ans de carrière. Gros comme…. Une cage d’oiseau ? Un carton Ikea ? Enorme quoi.

J’ai malgré tout passé un moment délicieux, je me suis même permis de m’endormir. Massage des pieds, des mains, de la tête, peau refaite à neuve. Que demander de plus ? La musique. Demander d’éteindre la sono. Je crois que je n’aime pas la harpe, ni le clavecin ni la flûte de pan. Ça sera mon unique problème : s’ils ne passaient pas cette musique de chambre, ça serait le paradis. Chaque fois que j’ai un soin, je me fais la réflexion. Pourquoi nous passer de la musique qui donne envie de se jeter par la fenêtre. Honnêtement, dès les premières notes, je me vois déjà perdue au fin fond de la pampa, sous un soleil à crever, au sud de l’Espagne, sans eau ni espoir de revoir un jour mes parents. Voilà, ce que m’inspire ce genre de musique. Et je ne vais pas une fois par an me faire un soin (sans gamin, ni téléphone qui sonne, ou de mail, rien, pas un bruit ou une mouche qui vole) pour  avoir le poil hérissé à peine arrivée. Cette musique me donne le cafard. Il y a toujours un moment où les Yasmines vous laissent tranquille cinq minutes et elles reviennent quand vous dormez à moitié, que vous flottez dans un monde qui n’existe pas, celui entre Casimir et Bonne nuit les petits. Dans ce cas précis, j’avais envie de dire à Yasmina, de ne pas m’abandonner, j’allais pleurer si elle me laissait avec cette musique là. En plein milieu du soin, la musique s’est arrêtée, je me suis dit « chouette, je vais relâcher les muscles de ma mâchoire et m’assoupir ». Mais, que nenni, j’ai senti la panique dans la DJette qu’elle était. Elle a fait un petit « Oups » et je l’imaginais avec ses mains en l’air - genre la panique à bord - chercher son tourne disque et hop, elle m’a mis l’autre face en soufflant de soulagement ! 
Vangelis, c’est ça que ça me rappelle. Une heure de Vangelis quand on a rien fait à personne, c’est pas sympa.
A part ce pépin, c’était super, j’adore. Une fois sortie, je me sentais débarrassée de mes impuretés. Propre et figuré. C’est comme aller chez le coiffeur, à part avec Anthony, j’aime bien ne pas parler, réfléchir. C’est un moment détente où je remets en place tous les petits tracas de la vie. Il est donc capital que je sois tranquille à l’aise et capable de divaguer un peu. Trois enfants laissent peu de temps à la réflexion ; quand c’est fini avec l’un, il y a en toujours deux autres qui font la queue pour vous demander un truc, et des fois, ils adorent ça, ils parlent tous en  même temps. Et puis, sans parler du mari, du téléphone, des gens qui sortent de prison et qui me vendent des torchons une fois par semaine à la porte, de mon blog, des emails etc… C’est la cata ! On devrait tous avoir un soin en fin de journée tiens !
Je dis ça, mais mes enfants me manquent dans la journée, ma maison est trop calme, j’ai souvent hâte vers 14h00 qu’ils rentrent pour mettre un peu de bordel et de vie dans cette maison silencieuse. Les trois premières heures sont un délice. Elles devraient être garanties à tout parent, obligatoires comme un vaccin. Trois heures par jour de temps pour soi et de calme : coiffeur, spa, conduire des longues distance (Céret Marseille, seule) c’est bien pour réfléchir et en général, on arrive à faire des grandes choses. On ressort content de soi, ragaillardi, cinq cents bornes dans les pattes, mais un plan d’attaque pour les cinq prochaines années. Je sais  pas comment il faisait Napoléon mais c’est pas lui qui s’occupait des gamins, c’est évident. 





















Merci Estellou Craignou, sont supers tes dessins, c'est comme si tu avais rencontre Jasmina aussi.

mardi 9 avril 2013

French children don't throw food.


Pamela Druckerman est américaine, journaliste de son état, et s’est installée à Paris avec son mari il y a quelques années maintenant ; ils ont eu leurs enfants et furent heureux en France. Je crois. Elle a été tellement impressionnée par nous et nos principes d’éducation qu’elle en a écrit un livre, lequel est fait d’observations et de rencontres avec des professionnels de l’enfance et des gens comme vous et moi, ses amis, ses voisins.

J’avais lu un article il y a  six mois dans The  Independent ici, et je m’étais empressée d’acheter son livre. Pour moi, c’était enfin une preuve que je n’étais ni folle, ni une mauvaise mère. Pamela mettait en exergue ce que je n’ai jamais réussi à expliquer, le pourquoi je fais les choses différemment des mamans anglaises. Pamela, étant américaine, a comme point de référence son pays, et la façon de faire  là-bas. Je peux dire après avoir parcouru son livre (je n’ai pas encore tout lu) que les anglais font pareils, ce doit être donc la méthode Anglo-saxonne.

En gros ce que j’ai souvent vu ici, et que Pamela confirme, c’est que les enfants sont rois de chez rois, qu’ils maltraitent leurs parents et j’irai jusqu'à dire qu’ils leurs font peur. J’ai d’abord cru que c’était ces mères qui ont des enfants sur le tard et qui consacrent leur nouvelle vie à leurs enfants. Un dévouement tel, qu’elles en oublient d’être femme jusqu’au bout des seins. Leur vie a simplement un sens qui n’existait pas avant. Ça m’a fait flipper la première fois de voir une maman se faire taper par son enfant sur la figure et elle de ne rien dire à part un petit « chtouchtou choux, bébé »  d’une voix de petite fille.
Les rares fois où ça m’est arrivé, mes enfants ont compris que c’était leur dernière fois. Après, j’accroche les nattes de Rosie au mur et on bouge plus pendants 10 minutes pour rafraîchir la mémoire sur qui est la patronne dans cette maison. Pareil pour les caprices dans les supermarchés à se rouler par terre : jamais fait. Je ne dis pas que ce sont des anges, loin de là,  mais j’ai quelques règles sur lesquelles je ne déroge jamais.

Ce problème d’autorité concerne presque tous les parents de la middle class. Pamela compare les grossesses des Françaises et des Américaines. Elle remarque que nous n’en faisons pas tout un plat, que c’est naturel et qu’on ne s’achète pas 15 mille livres pour savoir comment on fait un bébé et être la meilleure des mamans. J’avais 24 ans quand j’étais enceinte d’Oscar et juste d’avoir vu ma grande sœur et ma belle-sœur, m’avait suffi à vivre la chose plus sereinement. Il y avait pourtant pleins d’inconnus. Quand Oscar est arrivé, j’ai improvisé, prenant les conseils de ma famille et des sages femmes de l’hôpital, en faisant mon petit mixe perso et voilà, oupla, j’étais une maman. Avec mes défauts et mes qualités, pas forcément la meilleure mais pas la plus nulle non plus. Je suivais mon instinct, je sentais plus les choses qu’avant.

Pamela semble surprise que nous continuions à vivre, manger comme si de rien était, alors qu’on est enceinte.
Je faisais un brin attention à comment je m’habillais par égard pour mon mari et les gens dans la rue. Je buvais mon verre de vin par semaine (oulala) ça choquait et je mangeais tous les fromages qui faisaient soulever des sourcils. Voilà, j’étais la brebis galeuse.


En pays anglo-saxon, il faut allaiter au moins un an et dormir avec son enfant aussi.  Donc si mes enfants ont rejoins leurs propres chambres dès la deuxième semaine de leur vie. Oh my god ! Je suis une craignos ? L’allaitement, un mois, presque deux pour le dernier, à peine pour celle du milieu, c’est pas mon truc c’est tout.
Pareil ? On me juge parce que j’ai fait différemment ?


Pamela évoque la sur-stimulation intellectuelle des enfants entre 1 et 4 ans. Ou plutôt des parents qui se sentent obliger de constamment les éveiller et de les accompagner a chaque instant de leur vie. Pas d’exploration seul et de prise d’initiatives. Il faut faire tout avec eux, se déguiser avec eux, parler comme eux, les faire lire et compter avant tout le monde. Et quelle déception si ces pauvres biquets ne sont pas intéressés. Au parc, on fait des pâtés avec eux, on passe l’heure à les pousser sur les balançoires et le tourniquet, et ces charmants bambins font courir leur mère partout, c’est eux qui décident. Forcément pour moi, c’était décevant d’être la seule sur le banc à regarder vaguement que ma gamine ne se plante pas du toboggan et encore, je me disais au fond, faut bien tomber pour apprendre. Il y a  une nouvelle vague de parents qui surprotègent leurs enfants, les prévient sans cesse qu’ils risquent de tomber, font des
hou et des ha à chaque fois qu’ils dérapent, ou se cognent le petit doigt. Ces parents sont constamment derrière leurs enfants. Pour moi, un enfant doit explorer le monde tout seul et moi, maman, interviens au dernier moment. Je veille sur mon poussin. J’aime laisser mes enfants faire un peu leur vie et quand vraiment ils s’ennuient, on peut jouer ensemble mais c’est rare. Je parle beaucoup avec eux de tout et de rien mais jamais des grandes choses de la vie sauf s’ils me demandent.
Pamela s’étonne de notre insistance à demander à nos enfants de dire bonjour et merci. D’être poli quoi. Ici on s’en fout de la politesse ou bien ? Jamais un enfant ne me dit bonjour et c’est pas de leur faute, c’est les parents qui s’en foutent, pour eux c’est pas important et je trouve que c’est plutôt paradoxale avec leur envie d’en faire des petits génies qui s’exprimeraient comme des adultes et qui sauraient tout sur la théorie du big bang quand ils ne connaissent même pas la base. Pamela est en extase devant nos « attends » quand les adultes parlent et que l’enfant doit patienter. Mes enfants ont du mal à se l’entendre dire mais ils patientent malgré tout. Parce que j’estime que ce que je dis a son importance, je suis un être humain pas une machine à changer les couches et lire des histoires de Lulu –Grenadine toute la sainte journée. Moi aussi, j’ai des trucs à raconter. Mais pas grand monde pour écouter. Ici, à chaque fois que je suis avec une copine maman, notre conversation passe toujours au second plan parce que petite terreur veut savoir comment on fait le chocolat ou n’ose pas aller en haut parce que ça fait peur. Et c’est arrivé plein de fois que ce soit impossible de parler et que je trouve une excuse pour partir car c’était juste insupportable. Les repas aussi, ici les parents font manger leurs enfants avant eux et vers 18h00. Très rarement, ils mangent ensemble. A nouveau, chacun fait comme il veut et puis chez moi de manger tous ensemble, ça veut dire coucher tout le monde tard mais c’est sympa d’être ensemble, de se raconter nos vies, de voir ce que les autres mangent, d’apprendre pleins de choses. Et c’est aussi sympa des fois, d’avoir des diners sans eux, où on peut manger sans faire la police et essayer de finir sa phrase dans dire « attends ».


Alors au final, je passe ici pour la grosse égoïste mais c’est tout ce que je connais, ce que j’ai eu, et franchement même si ce n’est pas parfait, je préfère mille fois ça qu’être l’esclave de mes enfants. C’est eux qui devraient être nos esclaves « vas me chercher le vin dans la cuisine, veux-tu petit ? » pendant que je regarde East Enders l’équivalent de Sous le soleil. Mais dans Londres, donc sous la pluie et puis beaucoup au pub donc pochtronés.
Et je la remercie Pam, car du haut de son statut de journaliste elle soulève un grave problème pour moi : le droit à la différence. Et la tolérance. Le droit de vivre et d’être une personne sans ses enfants. J’en ai trois, donc c’est de plus en plus difficile pour moi de trouver le temps d’être MOI. Mais je le trouve et je n’arrêterai jamais de le trouver, je partirai en vacances dix jours sans mes enfants et crotte à celles qui m’ont regardé comme une mère indigne, elles qui rêvent de le faire mais pensent que c’est incompatible avec leur vie de famille.

Merci Pamela Druckerman, d’éclairer un peu nos lanternes, je me sens moins seule. Et je vous trouve beaucoup de courage pour vivre parmi des Parisiens, car c’est de notoriété publique qu’on est pas facile à gérer.




Merci Anne Delaleu pour vos belles illustrations.




mercredi 20 mars 2013

Show time!



Vous avez les Césars, nous avons les Bafta seulement ici au 128, on a regardé les Oscars. On sait que ce n’est qu’un barnum superficiel, du strass, de l’auto publicité, des tapes hypocrites dans le dos. Ça ne nous a pas échappé que ce n’est pas une cérémonie où l’on célèbre l’art mais une excuse pour nous en mettre plein la vue à coup d’habits de princesses et de marques de luxe. Ils se remettent des trophées pour des films grand public, tout le monde est beau et gentil et ne dit pas un mot plus haut que l’autre, bref, ça fait vomir. On est au courant, ça revient au même que de regarder Big Brother. Ils sont dans leur cage dorée et nous on mate. Mais c’est bon pour les yeux, c’est recommandé par la santé publique de se rêver en starlette du dimanche en regardant le défilé de belles robes et de coiffures extravagantes ; et puis on aime le cinéma dans les grandes largeurs alors pourquoi ne pas regarder cet évènement.


Alors voilà, on l’a enregistré  et au petit matin pour le biberon de George, Rosie qui s’est levée tôt aussi, et moi, bah, on se le regarde. Moi, en jogging et vieux pull informe et elle multivitaminée comme un jus de fruits avec ses feutres greffés à chaque doigt ; elle croque chaque apparition d’acteur. Elle a la gâchette facile, elle dessine comme elle respire.
Attendez, retour en arrière, je reviens sur le pull. Un jour Pip m’a dit « si tu le mets encore une fois, je te quitte ! » J’ai trouvé que c’était un peu fort de café. C’était injuste parce que je l’adore ce pull, c’est celui que je mets le matin au réveil, celui du petit déjeuner, celui de la routine, c’est mon nin-nin. Bref, c’était gratuit, inattendu et cruel. D’autre part, on ne donne pas d’ultimatum comme ça, sur les habits du matin. Je me change après, c’est pas ma tenue normale, faut être un peu ouvert d’esprit.
Mais, ça m’a fait réfléchir cette petite remarque désobligeante. Pourquoi n’aime-t-il pas ce pull ? Recherche rapide dans mon ordinateur interne. Voilà, ce que j’ai trouvé : souvent les matins, il part au boulot avant tout le monde et c’est la dernière image qu’il a de moi, une fois la porte claquée. Ça énerve tout le monde mais il claque la porte. Moi, en pyjama et pull informe. Il emporte ce petit pola trop mimi, incrusté dans ses yeux avec des cœurs partout, de moi, en pull patate. Et parfois, s’il rentre tard, je l’ai encore ce pull parce que sur le canap à regarder Downton Abbey, on est mieux en pull.

N’allons pas plus loin, le souci réside ici. Mais le mécréant oublie qu’entre le lever du soleil et son coucher, je suis une bombasse. Après la douche et le brushing américain, les 100 coups de brosse, la palette de maquillage, je suis une autre. Vous devriez me voir à l’école quand j’amène Rosie ! Toutes les mamans me regardent de haut en bas, on appelle ça le « check out » et puis les papas, c’est plus discret, du coin de l’œil mais c’est là, je le sens comme des petits messages volants qui disent « waouh, elle est trop belle la mère de Rosie ! ».
Je mets toujours cinq dix minutes à  rassembler mes esprits après cet instant charme et quand je rentre chez moi , je me dis que mon devoir est fait, je peux remettre mon pull parce qu’on s’y sent tellement bien, c’est comme une deuxième peau.

Ouh, voici le tapis rouge, une lilliputienne qui présente l’arrivée des stars et parle avec une voix qu’on a envie de lui mettre une tape derrière de la tête pour qu’elle se taise. 

Arrive ensuite Catherine Zeta-Jones ou Hillary Swank, c’est pareil, en belle robe rouge qui traine sur deux mètres. Dis quelque chose au micro.

Peut-être qu’au moins pour les Oscars je devrais me changer et faire un geste ? Honorer la cérémonie et l’effort que tous ces gens merveilleux ont mis dans la sape. Le pull, je l’enlève ? De toute façon, George vient de vomir dessus.

Attention, je m’insurge. D’où sortent ces fashion police qui ne ressemblent à rien et se permettent de commenter cruellement les fringues des stars, en direct, là, sur le tapis rouge, sans vergogne. « Helena Boham-Carter ? Oh my god, sa robe noire et blanche genre gothique, non, vraiment, ça va pas…mais en même temps à quoi peut on s’attendre d’elle !? ». Han, j’ai trop envie d’écrire à la police de Los Angeles ou à l’Académie des Oscars pour rapporter ces médisances. Il faut signaler les injustices. La politesse bordel ! Elle devrait plutôt parler des rideaux de la grand-mère d’Amanda Siegfried ! Quand elle va voir qu’elle en a faire une robe, a va pas être contente mamie Siegfried ! C’est pas humain de dire du mal des gens comme ça. Heureusement qu’on ne ressemble pas toutes à Heidi Klum – même pas actrice, qu’est-ce qu’elle fait ici - bonjour, le niveau alors, on parlerait de maquillage et de notre dernier parfum qui vient de sortir et de notre super beau corps toute la journée ? Faut-t-il te dire (je parle à cette dame qui critique la robe d’Helena Bonham-Carter) que même sur la planète Hollywood, il arrive  d’être beau et plus petit que Charlize Theron, plus grosse qu’Anne Hathaway (qui soit dit en passant a mis le tablier de forgeron de son papa pour cette occasion) et tu dis rien hein ?

Passons.

Rosie nous présente Quvenzhane Wallis la petite fille des Bêtes du sud sauvage, venue avec son sac chien, rapport qu’elle a juste 8 ans et qu’elle a droit à toutes les excentricités et les fautes de goût qu’elle veut : c’est une enfant. Qui devrait être au lit. Rosie a cru que c’était son vrai chien ou bien elle a confondu avec la mère de Bradley Cooper venu avec un petit boléro poilu blanc, vous m’en direz des nouvelles.

Arrive Harry Potter, himself, que Rosie a reconnu de suite et m’a demandé ou étaient ses lunettes. Tiens, bing, les voilà !
Et m’a dit « Ah mais maman, c’est Harry Potter ! Je savais pas que c’était un acteur, fallait me dire ! »

Là, avec l’oscar, ça peut être Ang Lee ou Daniel Day Lewis… Je suis assez fière de Rosie qui encore une fois a su capturer l’essentiel du moment. Les couleurs, le faste la démesure, l’ennui.

A part Amy Adams et Naomi Watts qui sont mes chouchoutes de la soirée, c’était comme d’habitude. Heureusement que Jennifer Lawrence est tombée, elle a redonné un coté humain à ce show, et une très belle photo noir et blanc qui circule sur le net. La nausée m’a prise à la standing ovation de tout le casting des Misérables, venu chanter un extrait de cet insupportable film. Cantonnons nous aux robes, on ne fait de mal à personne au moins. Petite touche finale gaie : Jane Fonda, critiquée aussi par la policière de la mode. Jane, elle peut mettre ce qu’elle veut, elle a 70 ans et un corps de rêve. Vive le jaune d’ailleurs.

Mon Oscar termine avec une  sortie au vitriol au sujet du tapis volant dans le dessins animés de la Belle et la Bête quand ils dansent tous avec les tasses, et ben, il dit que même le tapis, il a plus d’expressions que Kirsten Stewart.

Salutations distinguées.



Merci a ma fille Rosie qui m'inspire tous les jours.



mardi 12 mars 2013

HAPPY BIRTHDAY TO ME


Cette semaine sera spéciale car c’est mon annif samedi. Et pas n’importe lequel puisque je fête mes 40 ans. Oui, Madame. J’ai eu la présence d’esprit de laisser passer quelques amis avant moi, comme Cédric, pour voir ce que ça faisait. Ils ont passé l’épreuve haut la main. On m’avait prévenu que ce serait le moment des remises en question, des bilans et que c’est un cap pas toujours évident à passer.

J’ai eu ma mini déprime en Décembre – ça, c’est fait - que j’avais mise sur le compte des mes hormones et du manque de soleil. J’étais allée loin : rejet de 8 années de vie anglaise en disant que c’était nul et con et que j’avais rien fait de concret et de bien ici à Londres. Comme les jeans neiges, ça m’est passé. Enfin, c’est toujours un peu vrai mais je m’en fiche car j’ai compris que ma vie avait le Q entre deux chaises et que par conséquent côté France, j’avais fait pas mal de choses. On est à une semaine de mon anniversaire et j’ai un peu les chocottes. Pas au point d’avoir la diarrhée hein, mais j’ai vu le film de ma vie défilé devant mes beaux yeux verts et je m’imagine celui qui va suivre. C’est précisément ça qui fout la trouille ; se voir rendre hommage comme si on était la meilleure actrice de l’année, qu’on nous remettait une médaille pour avoir bien mené notre barque jusqu’ici. Moi, j’ai la robe Valentino – dans mon film – et je la tiens avec mes deux mains et je tourne comme une toupie pour qu’on me voie bien sous tous les angles -  et je remercie papa, maman pour m’avoir fait, moi, sans eux je ne serais pas ici. Ensuite, je remercie Mme Bergeron, ma maîtresse de CP que j’adorais même si elle me mettait toujours au fond avec Christelle Billard. Elle m’a appris à lire et à écrire donc sans elle je ne serai pas là ce soir. Et puis, la liste est longue, au mon Dieu, je suis désolée, je pleure, je voulais pas, sniff, sniff, ah merci Brad, heu Jude, pour le mouchoir, donc je disais…

Je sais plus. On perd la boule à 40 ans.

C’est aussi être au milieu. C’est le début de la fin. C’est  être bientôt au point où les enfants sont grands et partent vivre  avec leurs potes à Pétaouchnock. A part George il reste avec son papa et sa maman. J’ai dit aux deux autres qu’à 18 ans, ils pouvaient partir. Oscar veut faire le tour du monde, bien. Et Rosie, elle veut que je l’aide à trouver un mari. Bien aussi.

40 ans, c’est se dire qu’on a pas mal réussi, comme par exemple, moi, on le sait, les enfants, c’est fait. J’en voulais trois, j’en ai eu trois et ils sont ma plus belle réussite. Je fais des bons soufflets au fromage aussi. Questions amour, j’ai trouvé le bon mec, et ça mes cocottes, c’est pas chose facile parce qu’on a déjà parlé du Prince charming et on sait qu’il n’existe pas ; donc il faut trouver le sous prince, le prinçounet, celui qui a les galons, la classe, l’intelligence, l’humour, ah ça, s’est obligatoire, l’ambition bien placée, la gentillesse, le charme, le sourire ravageur. Bon, bah moi, je coche les filles, car je l’ai. Les amis. Alors, les amis, y’en a que je trimballe depuis 30 ans, c’est vous dire s’ils sont bons et tous les autres, je les lâche pas d’une semelle car ils sont trop supers. J’ai pas assez de doigts pour les compter mais ils ont tous quelque chose d’unique. Je les admire pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Juste un souci, ils sont en France et moi à Londres. Ah, la merde ! Non, pas la merde. Pour les correspondances longues distance et les visites occasionnelles depuis 8 ans, c’est top banana ! Donc je coche, que du bon cru. Ça me fait penser, et là, excusez-moi du rien à voir avec la choucroute, mais l’autre jour, je suis allée chez Marks & Spencer, mon supermarché locale et au rayon fromage, j’ai découvert (vous le connaissez déjà sûrement) un nouveau petit : le « Trou du cru » ! Pas mal, non ? Attention la contrepèterie. Ce qui nous amène à  ma famille. Oui, j’en ai une, un peu dispersée, un peu pas comme les autres mais elle existe et toujours là quand il faut. Comme les mammouths de l’âge de glace -le film - on se sert les coudes, on est présent quand ça va pas mais on n’est pas non plus les uns chez les autres en permanence. On peut pas de toute manière, on vit dans quatre régions et pays différents. Nous sommes par contre, incollables en skype, courriels et coups de fil gratuits. Allez, je coche aussi !

Bon, bah, 40 ans, je crois que c’est une réflexion plus interne. Pourquoi on est là (revenir sans arrêt sur la naissance des planètes, la préhistoire et tout le tintouin, ça commence à me lasser), qu’est-ce qu’on aurait aimé faire qu’on a pas fait (apprendre à faire des patchworks avec Monette, du bénévolat avec la Princesse Kate, le tour du monde en jet ski…) mais qu’il n’est pas trop tard de faire (du piano par exemple, du bénévolat avec la Princesse Kate ou l’Angleterre du Nord au Sud ?). On réfléchit à qui on est vraiment. Est-ce que je suis quelqu’un de bien ? Ou, vais-je le devenir d’ici mes 41. Oh putain, je vais avoir 41 ans un jour !!! Ça, ça me fout encore plus les boules que d’avoir 40.

Côté ride et peau qui tombe, j’y ai réfléchi. Il y a la chirurgie esthétique, et avec des bouquins à potasser et Youtube, on pourrait même se le faire soi-même non ? C’est déjà chiant de vieillir, si en plus faut ressembler à une vieille pomme.

En gros, je crois qu’à 40 ans, et vous me direz les quarantenaires si je me trompe, on atteint un semblant de sagesse. On bascule légèrement vers la carte vermeille. On est toujours frais et vaillant mais on sait maintenant que c’est la pente douce. On dit sagesse  mais on pense vieillesse, maturité, vieux pots et meilleures soupes. On réalise qu’on a moins de choix, l’étau se resserre et ça fait mieux de se dire qu’on s’en fout que d’essayer vainement de retourner en arrière. A part pour ceux qui osent la crise de la quarantaine pris par le démon de minuit. Pff pas bravo, on est en plein déni de soi et c’est mauvais pour l’entourage et la suite des évènements. Si je pouvais, y’aurait un truc ou deux que j’aimerais refaire ou plutôt ne pas faire. Mais serais-je ici sans mes erreurs ? Donc non, on ne va pas commencer à exhumer les vieux cadavres, qu’ils restent où ils sont.

Je ne regrette rien (je parle comme si je partais pour la lune demain) (ou comme si vraiment je faisais un speech pour les Oscars) (je dis jamais Césars car c’est trop chiant comme cérémonie),  mais y’a qu’une chose éventuellement qui me manque, c’est la foi. Je n’ai pas de Dieu ni de paroisse. J’aimerais avoir la fièvre du travail, être passionnée par ce que je fais, connaître l’émulation dans une équipe, vivre et me réveiller la nuit parce que j’aime ça et qu’une idée vient de me tomber sur le coin du nez. Avoir les doigts qui me démangent et le cerveau en ébullition parce que j’ai  une inspirationite aigue. J’ai de la chance d’avoir rencontré l’écriture grâce au blog (et Mme Bergeron) et de me sentir plus complète depuis, mais il y a tant à faire encore pour atteindre la maturité. Et c’est cette maturité qui compte le plus à mes yeux.

En fait 40 ans, dans mon cas, c’est une nouvelle ère, un début. Puisque si je me relis, j’ai tout ce que je veux pour être heureuse, je n’ai plus qu’à me concentrer sur une seule chose : l’écriture. Finalement, c’est presque de la chance cette histoire ; un ticket pour samedi s’il vous plait !



Merci à mon cher et tendre Pip Ayers pour son temps et son talent. Comme toujours, je suis en totale admiration.








mardi 5 mars 2013

En dansant la Javanaise...


La page blanche, ça arrive même aux bloggeurs. D’habitude capable d’être inspirée rien qu’au frottement des ailes d’un moucheron ou d’un rototo de George, je me retrouve cette semaine devant un réel manque d’inspiration. C’est la famine, le don’t know how, le goodbye Marylou et mes histoires sordides, l’ennui, l’envie de rien à part manger du chocolat 50 % plus de chocolat.

Et pourtant, il s’en passe des choses autour de moi. Une tornade d’énergie incontrôlable venant de mes enfants qui, hélas,  bougent sans arrêt – c’est le mouvement perpétuel - sautent jusqu'au plafond pour se faire entendre, dessinent sur des grandes feuilles de papier A3, crient pour que je les regarde, et finissent par trouver ma léthargie inhabituelle outrageante. J’ai mis un peu de musique dans ma tête parce que généralement ça me revigore. Mais pas aujourd’hui. Rien à faire, je reste stoïque et cafardeuse. Assise devant mon ordi pendant que Rosie regarde Edward aux mains d’argent, j’écoute en boucle le Bonnie and Clyde de Lulu Gainsbourg et de Scarlett Johansson. 

Cette chanson m’émeut et atteint une puissance céleste grâce à la voix de Scarlett. Mais, non, rien.  A part que maintenant, je me dis juste que, parfois, la nature fait bien les choses, elle met les bons seins et les bonnes têtes sur les bons derrières aux belles jambes comme elle a fait avec Scarlett. Non contente de réussir à en faire une jolie personne, elle lui a aussi mis la touche finale de la jolie voix grave qui peut chanter ; et quoi de plus sexy pour une femme voluptueuse que d’avoir une voix masculine ? (Parait qu’elle est conne). Ouais, j’aurais bien aimé avoir ses atouts gagnants quand même, j’aurai été encore plus supère qu’elle car je ne suis pas une diva capricieuse. Toujours pas un mot sur ma page. Après c’est Rufus Wainwright. Ah Rufus, tu me dis que tu t’en vas. J’ai envie de te dire ne me quitte pas mais ça serait une autre chanson. Toi aussi, Dame nature ne t’a pas épargné, en plus de ta belle gueule, tu as une jolie voix. Féminine ? C’est peut être la confusion des genres qui me plait. Les mots de Gainsbourg dans la bouche de Rufus m’arrachent des larmes, de mes yeux rougis par la fatigue car je me suis levée à 6 heures du mat. Mais lui, il pourrait me chanter la Marseillaise, que je pleurerai. On passe ensuite à Shane McGowan, et là un parfum de chips au vinaigre, de bière éventée et de pubs qui sentent le vieux pipi me passent sous le nez. J’adore. L’Angleterre, mon pays d’adoption. Espérons que je ne vais pas me faire un coup de nostalgie en plus d’avoir un peu le blues ce matin. Si son accent français est à couper au couteaux (à mon avis Lulu s’est mis à la phonétique pour cette chanson) et résonne plutôt comme si la reine d’Angleterre essayait d’imiter Jane Birkin avec trois patates chaudes dans la bouche et une gorgée d’Earl Grey refroidi, sa voix me réchauffe légèrement le cœur car elle me replonge dans des souvenirs heureux de mes années lycées.

Qu’est-ce que la couleur café évoque dans mes oreilles mal réveillées ? Bah ça va, ça passe, mon moral remonte légèrement la pente, je crois voir mon pied battre le rythme. Bon, de là à ce que je me lève et fasse un pas de samba, la main sur le ventre et les yeux fermés kiffant le Brésil, il y a un monde. Je suis toujours affalée sur mon fauteuil club défoncé qui n’est d’ailleurs pas à moi mais à mon beau frère. Il sait maintenant que c’était une erreur de nous le confier en attendant qu’il déménage pour un plus grand chez lui. Mes enfants l’ont dépouillé, plus de cuir, plus de coussins, juste la structure pour s’asseoir. Je l’avais prévenu, tant pis pour lui. Pendant que la chaude voix d’Iggy Pop me susurre les initiales de BB, je me demande vraiment pourquoi aujourd’hui dimanche, je me sens si misérable. 

Ça peut pas être à cause du mauvais temps, je suis habituée. J’aime bien les chœurs. Johnny et Vanessa ? Je ne peux pas, ça me rendrait encore plus triste, ils ont cassé y’a pas longtemps, c’est encore trop frais pour les entendre partager un moment aussi intime qu’un duo. L’histoire de princesse par excellence qui faisait fantasmer toutes les nanas de ma génération. Et quoi ? Vous confirmez la règle Monsieur Depp et Mademoiselle Paradis ? Les histoires d’amour finissent mal ? Non merci, je passe à la suivante. En plus que Johnny n’a pas une voix géniale et ce n’est pas le jour de tailler des costards à mes héros, ça risquerait de me ratatiner encore plus dans mon fauteuil. Lulu Gainsbourg, c’est lui la tête de choux, non ? Ma foi, sa voix est sympatoche. J’aimerais pas être le fils de Gainsbourg, bonjour la pression pour réussir, le fantôme de papa au-dessus de ma tête, l’héritage musical dans mes mains. Heureusement que je suis née de parents prof de gym et maçon. Moi, c’était la truelle dans les mains sur un trampoling. Dans mon cas, j’étais pas obligée de reprendre le business de papa ou la profession de maman. Fallait juste que je sois chirurgien ou avocat. Je m’en suis pas mal sortie je crois avec mon blog hein ! La chanson d'après, c’est du jazz et mes amis, moral ou pas, le jazz ne passera pas par moi, surtout s’il y a du saxophone qui me donne envie de pleurer comme un gros bébé en colère. Un pleure de rage, de « personne qui me comprend », ouin, ouin, j’aime pas le jazzzzzz et je ne supporterai le saxo que dans « Je marche seul » de Jean-Jacques Goldman.

Nous découvrons ensuite une sonate de piano dont les notes et leurs mots me transpercent comme des petites gouttes d’eau. Je n’entends que des océans d’oublis, de réunion pour la vie, le bourdon me guette, courons vite jusqu’au poinçonneur des lilas tsigane. Voilà ! C’est ça qu’il me fallait, de l’entrain, de la danse, du flamenco, du Grappelli,  mes deux jambes bougent en cadence, j’ai envie de me lever et de dire à la terre entière que c’est pas grave d’avoir des jours sans, que les jours avec, c’est les lendemains, que la vie ça va, ça vient, ça fait du bien. Amenez-moi, une plume, de l’encre, une chemise à jabot et un parchemin, que je revêts mon habit de bloggeuse, je sens que ça revient, je vais le faire mon requiem pour un con, ma chronique de génie.

L’un dans l’autre je ne regrette pas l’achat de cet album, je me sens ranimée, la musique m’a remis, peut-être pas tout à fait en mode «joie de vivre » mais au moins les yeux en face des trous ; et je vois ma jolie Rosie tombée pour ce pauvre Edward et ses mains d’argents, qu’elle dessine en même temps qu’elle regarde le film, et rien n’échappe à son coup de crayons pas même son regard triste.


PS : je n’ai pas mentionné la grande Marianne Faithful et ne vous en offusquez point. J’étais partie aux W.C et quand je suis revenue elle était partie. C’est la vie.


Emmanuel Bellegarde aux illustrations cette semaine. Merci Manu c'est HYPER gentil  surtout vue les circonstances.