Cette semaine sera
spéciale car c’est mon annif samedi. Et pas n’importe lequel puisque je fête
mes 40 ans. Oui, Madame. J’ai eu la présence d’esprit de laisser passer quelques
amis avant moi, comme Cédric, pour voir ce que ça faisait. Ils ont passé l’épreuve
haut la main. On m’avait prévenu que ce serait le moment des remises en
question, des bilans et que c’est un cap pas toujours évident à passer.
J’ai eu ma mini
déprime en Décembre – ça, c’est fait - que j’avais mise sur le compte des mes
hormones et du manque de soleil. J’étais allée loin : rejet de 8 années de
vie anglaise en disant que c’était nul et con et que j’avais rien fait de
concret et de bien ici à Londres. Comme les jeans neiges, ça m’est passé.
Enfin, c’est toujours un peu vrai mais je m’en fiche car j’ai compris que ma
vie avait le Q entre deux chaises et que par conséquent côté France, j’avais
fait pas mal de choses. On est à une semaine de mon anniversaire et j’ai un peu
les chocottes. Pas au point d’avoir la diarrhée hein, mais j’ai vu le film de
ma vie défilé devant mes beaux yeux verts et je m’imagine celui qui va suivre.
C’est précisément ça qui fout la trouille ; se voir rendre hommage comme
si on était la meilleure actrice de l’année, qu’on nous remettait une médaille
pour avoir bien mené notre barque jusqu’ici. Moi, j’ai la robe Valentino – dans
mon film – et je la tiens avec mes deux mains et je tourne comme une toupie
pour qu’on me voie bien sous tous les angles - et je remercie papa, maman pour m’avoir fait, moi, sans eux
je ne serais pas ici. Ensuite, je remercie Mme Bergeron, ma maîtresse de CP que
j’adorais même si elle me mettait toujours au fond avec Christelle Billard. Elle
m’a appris à lire et à écrire donc sans elle je ne serai pas là ce soir. Et
puis, la liste est longue, au mon Dieu, je suis désolée, je pleure, je voulais
pas, sniff, sniff, ah merci Brad, heu Jude, pour le mouchoir, donc je disais…
Je sais plus. On
perd la boule à 40 ans.
C’est aussi être au
milieu. C’est le début de la fin. C’est être bientôt au
point où les enfants sont grands et partent vivre avec leurs potes à Pétaouchnock. A part George il reste avec
son papa et sa maman. J’ai dit aux deux autres qu’à 18 ans, ils pouvaient
partir. Oscar veut faire le tour du monde, bien. Et Rosie, elle veut que je
l’aide à trouver un mari. Bien aussi.
40 ans, c’est se
dire qu’on a pas mal réussi, comme par exemple, moi, on le sait, les enfants,
c’est fait. J’en voulais trois, j’en ai eu trois et ils sont ma plus belle
réussite. Je fais des bons soufflets au fromage aussi. Questions amour, j’ai
trouvé le bon mec, et ça mes cocottes, c’est pas chose facile parce qu’on a
déjà parlé du Prince charming et on
sait qu’il n’existe pas ; donc il faut trouver le sous prince, le
prinçounet, celui qui a les galons, la classe, l’intelligence, l’humour, ah ça, s’est obligatoire, l’ambition bien placée, la gentillesse, le charme, le
sourire ravageur. Bon, bah moi, je coche les filles, car je l’ai. Les
amis. Alors, les amis, y’en a que je trimballe depuis 30 ans, c’est vous dire
s’ils sont bons et tous les autres, je les lâche pas d’une semelle car ils sont
trop supers. J’ai pas assez de doigts pour les compter mais ils ont tous
quelque chose d’unique. Je les admire pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font.
Juste un souci, ils sont en France et moi à Londres. Ah, la merde ! Non,
pas la merde. Pour les correspondances longues distance et les visites
occasionnelles depuis 8 ans, c’est top banana ! Donc je coche, que du bon
cru. Ça me fait penser, et là, excusez-moi du rien à voir avec la choucroute,
mais l’autre jour, je suis allée chez Marks & Spencer, mon supermarché
locale et au rayon fromage, j’ai découvert (vous le connaissez déjà sûrement)
un nouveau petit : le « Trou du cru » ! Pas mal, non ?
Attention la contrepèterie. Ce qui nous amène à ma famille. Oui, j’en ai une, un peu dispersée, un peu pas
comme les autres mais elle existe et toujours là quand il faut. Comme les mammouths
de l’âge de glace -le film - on se sert les coudes, on est présent quand ça va
pas mais on n’est pas non plus les uns chez les autres en permanence. On peut
pas de toute manière, on vit dans quatre régions et pays différents. Nous
sommes par contre, incollables en skype, courriels et coups de fil gratuits.
Allez, je coche aussi !
Bon, bah, 40 ans,
je crois que c’est une réflexion plus interne. Pourquoi on est là (revenir sans
arrêt sur la naissance des planètes, la préhistoire et tout le tintouin,
ça commence à me lasser), qu’est-ce qu’on aurait aimé faire qu’on a pas fait
(apprendre à faire des patchworks avec Monette, du bénévolat avec la Princesse
Kate, le tour du monde en jet ski…) mais qu’il n’est pas trop tard de faire (du
piano par exemple, du bénévolat avec la Princesse Kate ou l’Angleterre du Nord
au Sud ?). On réfléchit à qui on est vraiment. Est-ce que je suis
quelqu’un de bien ? Ou, vais-je le devenir d’ici mes 41. Oh putain, je
vais avoir 41 ans un jour !!! Ça, ça me fout encore plus les boules que d’avoir
40.
Côté ride et peau
qui tombe, j’y ai réfléchi. Il y a la chirurgie esthétique, et avec des
bouquins à potasser et Youtube, on pourrait même se le faire soi-même
non ? C’est déjà chiant de vieillir, si en plus faut ressembler à une
vieille pomme.
En gros, je crois
qu’à 40 ans, et vous me direz les quarantenaires si je me trompe, on atteint un
semblant de sagesse. On bascule légèrement vers la carte vermeille. On est
toujours frais et vaillant mais on sait maintenant que c’est la pente douce. On
dit sagesse mais on pense
vieillesse, maturité, vieux pots et meilleures soupes. On réalise qu’on a moins
de choix, l’étau se resserre et ça fait mieux de se dire qu’on s’en fout que
d’essayer vainement de retourner en arrière. A part pour ceux qui osent la crise de la quarantaine pris par le démon de minuit. Pff pas bravo, on est en plein déni de soi et c’est mauvais
pour l’entourage et la suite des évènements. Si je pouvais, y’aurait un truc ou
deux que j’aimerais refaire ou plutôt ne pas faire. Mais serais-je ici sans mes
erreurs ? Donc non, on ne va pas commencer à exhumer les vieux cadavres,
qu’ils restent où ils sont.
Je ne regrette rien
(je parle comme si je partais pour la lune demain) (ou comme si vraiment je
faisais un speech pour les Oscars) (je dis jamais Césars car c’est trop chiant
comme cérémonie), mais y’a qu’une
chose éventuellement qui me manque, c’est la foi. Je n’ai pas de Dieu ni de
paroisse. J’aimerais avoir la fièvre du travail, être passionnée par ce que je
fais, connaître l’émulation dans une équipe, vivre et me réveiller la nuit
parce que j’aime ça et qu’une idée vient de me tomber sur le coin du nez. Avoir
les doigts qui me démangent et le cerveau en ébullition parce que j’ai une inspirationite
aigue. J’ai de la chance d’avoir rencontré l’écriture grâce au blog (et Mme
Bergeron) et de me sentir plus complète depuis, mais il y a tant à faire encore
pour atteindre la maturité. Et c’est cette maturité qui compte le plus à mes
yeux.
En fait 40 ans,
dans mon cas, c’est une nouvelle ère, un début. Puisque si je me relis, j’ai
tout ce que je veux pour être heureuse, je n’ai plus qu’à me concentrer sur une
seule chose : l’écriture. Finalement, c’est presque de la chance cette
histoire ; un ticket pour samedi s’il vous plait !
Merci à mon cher et tendre Pip Ayers pour son temps et son talent. Comme toujours, je suis en totale admiration.